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Dockers

Un dirigeant ouvrier licencié en Suède pour son soutien à la Palestine

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Palestine Israël Social Suède

Il y a quelques semaines, nous avions parlé de la solidarité des dockers suédois avec les Palestiniens à travers leur vote ultra-majoritaire en faveur d’un blocage des livraisons d’armes à Israël. Aujourd’hui, c’est devenu une affaire de sécurité nationale.

Le syndicat des dockers suédois a voté, à une large majorité, l’arrêt des exportations d’armes vers Israël. Ce n’est pas la première fois que cela se produit, ni en Suède, ni ailleurs. Mais ce vote et cet acte de solidarité internationale ont été chèrement payés.

Licenciement et dénonciation

Ce lundi 3 février, à l’aube, Erik Helgeson, secrétaire des dockers de Göteborg et secrétaire national adjoint du syndicat des dockers, a été convoqué par la direction du port. Après un appel téléphonique la veille, il a été informé qu’il avait été licencié sur-le-champ en raison de ses déclarations sur la mesure du syndicat contre les armes à destination d’Israël et pour des raisons de « sécurité nationale ».

Le travailleur était évidemment offusqué, comme tout le monde peut l’être. Mais la solidarité des autres travailleurs, de son syndicat national et de nombreux militants pour la Palestine était forte, à tel point que la presse nationale a été contrainte de publier quelques éditoriaux pour le soutenir.

Ce tollé a permis de faire un peu de lumière sur cette affaire. Les ports suédois auraient fait appel de la décision du syndicat auprès du tribunal du travail suédois qui, la semaine précédant le licenciement, avait jugé que la décision du syndicat n’était pas contraire à l’accord national des dockers (qui réglemente également le droit d’action et de grève). 

Mais les entreprises d’armement suédoises ont appelé la direction du port pour se plaindre de la décision du syndicat et des conséquences qu’elle pourrait avoir. Pire encore. Elles ont appelé directement le responsable de la sécurité du port, affirmant que la collecte par le syndicat de données sur les cargaisons d’armes créerait un risque pour la sécurité nationale de la Suède. Les forces armées suédoises en ont fait de même. L’Association nationale des ports suédois s’est déclarée choquée par la décision du tribunal suédois concernant la liberté des travailleurs d’entreprendre de telles actions.

Ainsi, le secrétaire national adjoint du syndicat, en plus d’avoir été licencié, s’est retrouvé avec une plainte pour violation de deux lois protégeant la sécurité nationale de la Suède, déposée directement par son ancien employeur.

La loi mentionne les actes de sabotage, d’espionnage, de terrorisme ou d’autres actes susceptibles de mettre en danger la sécurité de la Suède. L’accusation porte sur le fait que le travail de cartographie des conteneurs d’armes à destination d’Israël effectué par le syndicat pour mettre en œuvre le blocus pourrait intéresser les services de renseignement de pays hostiles à la Suède. Mais, comme le souligne le syndicat, les données qu’il recueille sont publiques. Où est donc le problème ?

L’OTAN entre en Suède

Il y a quelques mois, la Suède a rejoint l’OTAN. Après des siècles de neutralité internationale, effrayé par des improbables invasions russes sur son territoire et avec une partie importante de la population encore fortement opposée, le Parlement suédois, avec seulement l’opposition (plutôt timide) du Parti de gauche et des Verts, a voté pour l’adhésion à l’OTAN. Auparavant, il y avait déjà eu de nombreuses collaborations avec l’Alliance atlantique et ses composantes. Mais depuis lors, c’est l’OTAN qui est officiellement entrée en Suède.

Les conséquences sont clairement visibles, dans ce cas contre un travailleur, mais en fait dirigées contre son syndicat. Des actions comme celle-ci, qui étaient en phase avec la neutralité passée, ne seront plus acceptées, mais sont désormais considérées comme des actes de sabotage et d’intelligence avec l’ennemi (bien que, il faut le souligner, la Suède ne soit en guerre avec personne à l’heure actuelle). Le mouvement syndical doit s’adapter aux besoins de guerre du pays et ne pas s’opposer aux nouvelles opportunités commerciales qui s’ouvrent à l’industrie militaire suédoise à la suite de l’adhésion à l’Alliance.

Nous exprimons donc notre solidarité avec Erik Helgeson, avec son syndicat et avec tous les travailleurs qui luttent pour la Palestine.

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