Un texte qui consacre une dépendance industrielle assumée, pour « éviter » la guerre commerciale.
Une reddition en Écosse
Le lieu n’est pas anodin. C’est dans le complexe Trump Turnberry, propriété du président américain, que s’est signé l’accord. Le symbole est clair : l’Europe s’incline devant les États-Unis dans un marchandage express de 48 heures. Ursula Von der Leyen semblait prête à tous les sacrifices pour éviter les surtaxes douanières massives (30 % sur tous les produits européens) que Donald Trump menaçait d’appliquer dès le 1ᵉʳ août.
Le résultat ? Un droit de douane uniforme de 15 % sur l’ensemble des exportations européennes vers les États-Unis (contre moins de 5 % en moyenne auparavant)… et une série de concessions sans précédent :
- 750 milliards de dollars d’énergie fossile et nucléaire que l’UE s’engage à importer des USA sur trois ans ;
- 600 milliards de dollars d’investissements européens redirigés vers les États-Unis, au nom de la « relance conjointe » ;
- Des commandes d’armement massives à des fournisseurs américains, en plus des programmes bilatéraux existants.
Ni vote au Congrès américain, ni débat public en Europe. Une pression politique. Une signature. Et le tour est joué.
Le coût d’une soumission
Sous couvert d’éviter une guerre commerciale, l’Union européenne accepte une explosion des barrières douanières et une hémorragie de capitaux vers les États-Unis. Concrètement, les exportateurs européens paieront plus cher pour accéder au marché américain, dans un contexte de recul industriel déjà inquiétant ; les industriels sont incités à relocaliser leur production aux USA, pour contourner les nouveaux droits ; les États européens vont financer à perte une dépendance énergétique renforcée, en se liant aux producteurs de gaz et de pétrole américains.
Pendant ce temps, Washington se frotte les mains. Il engrange des recettes douanières, attire les investissements, vend son énergie et ses armes… sans concéder la moindre baisse tarifaire sur ses propres secteurs protégés.
Qui trinque ? L’industrie européenne
Certaines filières sont plus directement menacées que d’autres :
- La pharmacie et les semi-conducteurs (essentiellement Allemagne, Irlande, Belgique) sont frappés de plein fouet par les nouveaux droits.
- L’aéronautique est partiellement épargnée, mais reste plombée par des surtaxes sur les matériaux (acier, aluminium).
- L’automobile allemande récupère quelques miettes, avec une baisse de 27,5 % à 15 % des droits… mais à condition de produire en partie aux USA.
- L’énergie européenne devra faire place nette pour le gaz et le pétrole américain.
Et pendant ce temps, les travailleurs devront faire face aux conséquences : pressions sur les salaires, fermetures de sites, délocalisations « stratégiques », le tout au nom d’une « stabilité » qui ressemble à une reddition organisée.
Les dirigeants européens parlent d’un « compromis équilibré ». Le mot fait sourire (ou pleurer).
Impact immédiat | Risque | |
---|---|---|
Automobile allemande | Baisse du droit de 27,5 % → 15 % | Risque de délocalisation vers le Mexique ou les USA |
Industrie pharmaceutique | Droit à 15 % sur un secteur jusqu’ici exempté | Perte de marge, délocalisations possibles |
Énergie américaine | Exportations vers l’UE multipliées par 3 | Dépendance de l’Europe aux hydrocarbures américains |
Armement américain | Contrats « informels » massifs attendus | Substitution aux industries européennes |
Aéronautique | Clause « zéro-zéro » (0 % de part et d’autre) | Protection mutuelle mais acier/aluminium reste taxé à 50 % |
Ce qu’il faut retenir
- 15 % de droits de douane généralisés sur tous les produits européens
- 1 350 milliards de dollars d’obligations pour l’UE : importations d’énergie + investissements forcés + achats militaires.
- Aucune réciprocité
- Un accord sans procédure de recours, sans calendrier de révision clair, sans garanties juridiques.