Pour des millions d’Allemands de l’Est, la réunification n’a jamais été une union : elle fut l’annexion d’un pays entier, suivie d’un effacement systématique. Aujourd’hui, la colère remonte, nourrie par les ruines industrielles, les humiliations symboliques et la certitude que leur histoire continue d’être confisquée.
Quand l’État ouest-allemand impose son récit
La politique du souvenir allemand s’est rigidifiée au fil du temps. À Berlin, la commissaire fédérale Evelin Zupke exige à nouveau que les rues de l’Est cessent de porter les noms de Lénine, Pieck ou Grotewohl : un « assainissement » justifié au nom d’une démocratie qui refuse d’assumer le passé d’un pays disparu. En parallèle, la CDU a relancé son projet de démanteler le monument Ernst Thälmann à Prenzlauer Berg. Et partout dans l’Est, les municipalités sont sommées de plier devant le récit dominant : la RDA comme « seconde dictature », sans nuance, sans contradiction, sans mémoire.
Ce durcissement intervient alors que de nouvelles voix se lèvent dans l’Est pour dénoncer les effets persistants d’un processus vécu comme une absorption brutale. L’exemple le plus emblématique reste la destruction du Palais de la…