C’est une publication qui marque un tournant. Le 18 juin 2025, Le Monde publie un article admettant que des symboles néonazis sont toujours présents au sein de la 3ᵉ brigade d’assaut ukrainienne. Cette unité, qualifiée d’« héritière du régiment Azov », est décrite comme abritant encore aujourd’hui « plusieurs soldats arborant des insignes liés à l’idéologie nazie ». Ce revirement est d’autant plus significatif que Le Monde, comme d’autres médias français, avait jusqu’alors présenté ces accusations comme de simples relais de la propagande russe.
La cellule d’enquête vidéo du journal révèle l’existence de « plusieurs centaines » de contenus montrant saluts nazis, croix gammées et emblèmes de la SS, notamment sur les réseaux sociaux d’hommes en uniforme ukrainien. Ce volume de preuves visuelles rend toute négation intenable. À la différence des discours géopolitiques ou des récits de guerre, ces images imposent une matérialité qui ne se discute pas.
Des preuves trop visibles pour être ignorées
Le revirement médiatique français ne s’est pas fait par un éclair de lucidité idéologique, mais sous la pression de la réalité concrète. À la fin de l’année 2023, des troupes ukrainiennes sont venues s’entraîner en France dans le cadre de la mission européenne de formation. C’est alors que certains soldats sont apparus en uniforme français avec des symboles nazis visibles. Mediapart* rapporte notamment le cas d’un militaire arborant un tatouage SS sur le visage, photographié lors d’un exercice.
D’autres documents, rendus publics par le même média, montrent des hommes en treillis exécutant des saluts hitlériens ou posant avec des insignes comme le Totenkopf, emblème tristement célèbre des divisions SS. Ces images ont circulé sur les réseaux sociaux, parfois postées directement par les intéressés. Il devient alors difficile pour les rédactions de maintenir une ligne de déni face à ce qui s’affiche, sans filtre, dans l’espace numérique français.
Dans le même temps, des questions ont émergé autour de la brigade Anne de Kyiv, unité composée de 2300 soldats ukrainiens formés en France. Elle a été au centre d’un scandale lorsque l’on a appris que plus de 30 % de ses membres avaient déserté. Un taux de défection inhabituel, qui alimente les interrogations sur la composition et la structuration de ces unités.
Régiment Azov, 3ᵉ brigade d’assaut, brigade Anne de Kyiv : qui est qui ? | |
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Régiment Azov | Ancienne milice ultranationaliste intégrée à la Garde nationale d’Ukraine, connue pour ses références néonazies |
3ᵉ brigade d’assaut | Unité régulière héritière d’Azov, actuellement active sur le front |
Brigade Anne de Kyiv | Unité constituée et formée en France à partir de 2023, dans le cadre du soutien militaire européen |