Depuis le printemps 2025, Moscou a repris l’initiative stratégique. Refusant tout compromis diplomatique, elle mise sur une guerre d’attrition, visant moins la conquête rapide que l’épuisement progressif des forces ukrainiennes. Cette approche rappelle les offensives de Foch en 1918 : des attaques coordonnées sur plusieurs axes pour disperser les réserves ennemies.
Offensives à tiroir et guerre d’usure
Trois directions sont envisagées : au nord, une poussée vers Soumy et Kharkiv pour créer une zone tampon ; à l’est, une pression continue sur Bakhmout et Tchassiv Yar ; au sud, une offensive conditionnelle vers Odessa. L’objectif n’est pas nécessairement de percer, mais de forcer Kiev à étirer ses lignes et à exposer ses points faibles.
La Russie bénéficie d’une économie robuste (+4,7 % de croissance), d’un soutien extérieur et d’une production militaire en hausse (jusqu’à 500 drones Shahed/jour). En face, l’Ukraine souffre de pertes sévères, notamment autour de Soumy, et d’une dépendance aux drones comme seul appui-feu tactique.
La guerre en Ukraine est aussi un laboratoire tactique. Les drones ont bouleversé les doctrines classiques : les concentrations de troupes sont devenues suicidaires, les chars vulnérables sans couverture, les snipers obsolètes. Les Russes imposent désormais leurs normes : chars « tortue », drones à fibre optique, vols à haute altitude.
Les Cent-jours de 1918
L’Ukraine s’adapte, mais avec des moyens limités. Faute d’industrie lourde, elle mise sur des drones FPV, des frappes ciblées et une mobilité accrue. Cette asymétrie rappelle les Cent-Jours de 1918, où les Alliés avaient compensé leur infériorité initiale par l’innovation (chars, aviation, coordination interarmes).
Au-delà du champ de bataille, l’Ukraine affronte une crise structurelle : celle de la soutenabilité de son effort de guerre. Si les pertes russes sont importantes, le coût humain et matériel est proportionnellement plus lourd pour Kiev. L’armée ukrainienne voit ses meilleures unités s’user sans relève équivalente.
Le facteur temps devient ici une arme à part entière. Chaque semaine sans percée ukrainienne renforce la position russe. L’été 2025 s’annonce comme une fenêtre critique. Si l’Ukraine ne parvient pas à inverser le tempo, l’attrition pourrait se transformer en effondrement. Le tic-tac stratégique est enclenché.