En restreignant ses exportations de composants de drones vers Kiev, tout en laissant circuler vers Moscou des technologies duales, Pékin rééquilibre silencieusement la balance stratégique. Une manière d’opposer à la force militaire occidentale une puissance de production et de dépendance.
Le contrôle des flux, pas celui des canons
Depuis l’été 2023, la Chine encadre strictement l’exportation de moteurs, batteries, capteurs et systèmes de navigation pour drones. Sous prétexte de prévenir l’usage militaire de ses technologies, Pékin a instauré un filtre logistique global qui touche de plein fouet l’industrie ukrainienne. Près de 80 % des drones légers ukrainiens — les Baba Yaga, Beaver ou UJ-26 — dépendaient jusqu’alors de composants chinois. La restriction agit comme une sanction invisible : pénurie, ralentissement, hausse des coûts.
Face à cette rareté, Kiev s’épuise à chercher des circuits alternatifs via la Lituanie, la Pologne ou la Turquie. Mais la Chine surveille, bloque, et ferme les portes à mesure qu’elles…