Le 21 juillet 2025, dans le village de Dushmani, un monument a été inauguré en hommage aux soldats roumains ayant combattu sous les ordres d’Ion Antonescu, allié d’Hitler. Ce monument, érigé sous le drapeau de l’Union européenne, présente ces hommes comme des « libérateurs de la Bessarabie du bolchévisme », occultant leur rôle dans l’extermination de centaines de milliers de Juifs et de Roms.
La Moldavie sous le drapeau de l’Union européenne
Cette glorification s’inscrit dans une politique de « décommunisation » promue par le gouvernement pro-européen moldave (PAS), qui a facilité ces commémorations via des lois adoptées en 2024. Pourtant, cette démarche divise : un référendum sur l’adhésion à l’UE n’a recueilli que 46 % de soutien, révélant une fracture mémorielle et politique.
L’Église orthodoxe roumaine, influente dans le pays, a béni le monument, alimentant les tensions avec l’Église russe. Ce geste religieux donne une légitimité morale à une réécriture historique qui inquiète les défenseurs de la mémoire de la Shoah.
Ukraine, Pologne et la bataille des mémoires
En Ukraine, la glorification de Stepan Bandera et Roman Shukhevych, tous deux fers de lance des massacres de Juifs et de Polonais, s’est intensifiée depuis 2014. Des boulevards, statues et cérémonies leur rendent hommage, y compris à proximité de Babyn Yar, site du massacre de 33 771 Juifs en 1941.
La division SS Galichina, pourtant reconnue pour ses crimes de guerre, est honorée dans des musées et lors d’événements officiels. En mars 2025, le consulat ukrainien à Chicago a célébré Shukhevych, provoquant l’indignation du Centre Simon Wiesenthal.
Face à ces dérives, la Pologne a récemment élevé la voix. En janvier, l’ambassadeur polonais à Kiev a dénoncé publiquement la glorification de Bandera, qualifiant ces célébrations d’« insulte à la mémoire des victimes ». Cette prise de position, rare dans le contexte du soutien occidental à l’Ukraine, souligne les tensions entre solidarité géopolitique et devoir de mémoire.