Mais voilà, une nouvelle fois, comme avec la livraison de certaines armes, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Un examen détaillé des différentes sommes allouées laisse percevoir un grand cynisme de la part des États-Unis. Certes, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, mais à ce point d’hypocrisie, on bat des records.
Sur ces 60,2 milliards, 20 sont fléchés sur la remise à niveau des stocks de l’armée américaine, dans lesquelles ont été puisées les précédentes livraisons. Ces 20 milliards d’armements ont donc déjà été dépensés, consommés, voire détruits. Bien sûr, c’est à rembourser, ça va mieux en le disant. Ensuite, il y a 14 milliards qui vont être affectés en prêt pour que l’Ukraine achète à crédit des armes et des équipements américains. Puis, il y a 15 milliards qui serviront à financer le soutien à l’entraînement des troupes des forces ukrainiennes, au partage de renseignements et à l’augmentation de la présence américaine en Europe. Ajoutons 8 milliards de soutiens au budget ukrainien pour payer les fonctionnaires, les administrations, les retraites.
Une aide américaine qui n’en a que le nom
Enfin, 3,2 milliards qui sont affectés à parts égales, donc 1,6 milliard au développement économique de l’Ukraine et 1,6 milliard au renforcement des forces aériennes et maritimes, notamment autour de la mer Noire. Voyons que, contrairement à ce qui est annoncé, la hotte du père Noël est loin d’être pleine. Concrètement, tout un tintamarre pour 14 milliards, offerts gracieusement pour que le pays puisse acheter de nouveaux armements aux fabricants américains.
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Défense : Fabriquer des obus, c’est pas cotonOn comprend que cette nouvelle affectation va servir avant tout à rembourser ce que les marchands d’armes américains ont fourni par avance à l’Ukraine. C’est le complexe militaro-industriel qui est le grand gagnant de ce vote. Il suffit d’écouter Antony Blinken qui déclare que 90 % de l’allocation financière fournie à l’Ukraine nourrira l’économie américaine.
Il s’agit ainsi bien d’un prêt à rembourser et non d’une aide. C’est, comme toujours, une affaire de gros sous qui ne permettra pas de ralentir la Russie dans son avancée sur le front ukrainien. Cela va ajouter du temps à la trop longue agonie d’une Ukraine épuisée et qui aurait tout intérêt à négocier.
Notons aussi dans ce vote de la Chambre américaine que les partisans de Trump ont lâché du lest face à la très forte pression de l’industrie d’armement, grande financière des campagnes électorales. Après de longs mois de tergiversations sur cette allocation, l’entente s’est faite sur l’exigence des trumpistes d’un prêt à rembourser.