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Gints Ivuskans/shutterstock
Préparer la guerre

Pour le chef de l’OTAN, il faut oublier la démocratie

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Mise à jour le 10 janvier 2025
Temps de lecture : 6 minutes

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Guerre Union européenne OTAN

Il y a quelques semaines, Rob Bauer, chef militaire de l’OTAN, a prononcé un discours à l’EPC (European Policy Centre) sous le titre significatif de Thought Leadership Forum (Forum sur le leadership éclairé). Pas forcément démocratique donc.

On ne sait pas qui était dans le public qui a entendu le discours, mais on comprend très bien à qui il s’adressait : à l’ensemble des sociétés et des économies européennes.

La guerre est de retour et nous devons nous y préparer

Certaines phrases de son discours sont significatives et en disent bien plus que le sens littéral. M. Bauer déclare que «  la guerre est de retour sur le continent européen. Et ces dernières années, de plus en plus de personnes en Europe ont réalisé que la guerre pouvait aussi leur arriver  ».

Cette prise de conscience (qui, dans la bouche de Bauer, implique un soutien sans réserve) doit se répandre parmi les populations et surtout dans la structure économique des pays de l’alliance atlantique : l’époque où «  tout était planifiable, prévisible, contrôlable et axé sur l’efficacité » est révolue, a souligné le militaire  ; nous devons adapter notre mentalité à une époque où, au contraire, «  tout peut arriver à tout moment » et où, par conséquent, « il est nécessaire de disposer d’une base industrielle capable de produire des armes et des munitions assez rapidement pour pouvoir poursuivre un conflit si nous nous y impliquons ».

En substance, ce sont les besoins militaires qui prennent le pas sur les besoins économiques : ce n’est plus la rentabilité qui guidera les investissements et l’organisation économique comme c’était le cas jusqu’à présent, mais les besoins et les objectifs militaires. Pour sûr, c’est encore moins la réponse aux intérêts populaire qui guidera ces choix.

Mais c’est l’ensemble de la société qui devra se réorganiser, comme ce fut le cas en Allemagne, où l’on a dressé une liste de bunkers pouvant servir d’abris d’urgence aux civils en cas de guerre. Il s’agit de stations de métro, de parkings souterrains, de bâtiments publics, mais aussi de propriétés privées. Ou encore, dans les pays nordiques, aujourd’hui réunifiés au sein de l’OTAN, où les gouvernements ont distribué à la population des brochures sur «  Ce qu’il faut faire en cas de guerre  », car, disent les autorités, « il faut se préparer au pire  », c’est-à-dire à une attaque armée de la Russie.

Les dépenses militaires devront suivre en conséquence. La limite déjà exorbitante et pas encore atteinte de 2 % du PIB pour les dépenses militaires (fixée par Trump il y a des années) semble être nulle et non avenue : pour Bauer, les investissements nécessaires pour rendre réalisables les plans décrits dans le concept stratégique et la stratégie militaire de l’OTAN seront supérieurs à 2 % du PIB, beaucoup plus proches de 3 % : « Je m’attends à ce que, sous la nouvelle administration Trump, il y ait une discussion beaucoup plus intense sur la question de savoir combien l’Europe et le Canada doivent dépenser en plus ».

La démocratie et l’élément militaire

M. Bauer n’oublie pas qu’en Occident, il existe une « pierre d’achoppement » appelée « élections ». Mais en même temps, il ne semble pas s’en préoccuper outre mesure : « Les nouveaux objectifs de capacité résultant des nouveaux plans de défense de l’OTAN conduiront à une plus grande répartition des capacités : les nations européennes et le Canada développeront des capacités que seuls les États-Unis possèdent aujourd’hui, et ceci est le résultat d’un processus qui dure depuis des années, qui est donc indépendant de toute élection nationale, c’est un système basé sur la logique militaire afin que nous ayons autant de flexibilité que possible, et qui permettra à l’Europe d’avoir une plus grande autonomie opérationnelle.  » Insistons sur l’expression « indépendant de toute élection nationale », car elle préfigure (au mieux) une démocratie limitée, dans laquelle les décisions fondamentales sont confisquées au peuple, qui doit se contenter de décider de détails sans importance.

Mais la phrase la plus effrayante est la suivante : les citoyens « ont besoin de leaders pour les guider, il faut des leaders pour leur expliquer les choix difficiles, que si vous augmentez votre dissuasion et votre soutien à l’Ukraine, il y aura moins d’argent à dépenser pour d’autres choses, cela nous privera de certains de nos luxes, cela exigera des sacrifices et cela signifiera que nous devrons prendre des risques, mais ne pas prendre de risques est le plus grand de tous les risques  ». La démocratie, dans le discours de Bauer, disparaît complètement : il y a des leaders (dont la traduction en italien est duce et en allemand Führer), dont le caractère démocratique ou non est un détail, qui doivent guider les sociétés à ce moment historique, c’est-à-dire leur faire accepter les sacrifices et les choix imposés pour renoncer à des luxes tels que l’État-providence, la santé, etc.

En résumé, c’est l’élément militaire qui soumet l’élément politique et économique pour prendre le contrôle de la société à un moment critique. Ce discours permet de comprendre beaucoup de choses. Mais une question se pose. Les choses que l’on comprend sont les événements en Roumanie (élections annulées sur la base de vagues indices), en Géorgie, en Moldavie, le coup d’État manqué en Corée, la même tentative simultanée à Taïwan.

La question qui se pose est la suivante : pourquoi ce discours maintenant et cette accélération des événements ? Quelle est la proximité de cette guerre qui a toutes les caractéristiques d’une guerre mondiale ?

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