Les sondages réalisés à la veille de l’élection ne s’étaient pas trompés. Selon les premiers résultats, le parti social démocrate d’Olaf Scholz (SPD) s’effondre à 16,3% des suffrages (le plus bas de son histoire), largement devancé par l’alliance de Friedrich Merz (centre droit) à 28,6%. Entre les deux, le parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) double son score d’il y a quatre ans avec 20,04 % des suffrages, se plaçant ainsi en seconde position. Il aura environ 149 sièges au Bundestag, contre 209 pour les chrétiens sociaux et démocrates et 119 pour le SPD. L’assemblée compte 630 sièges.
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Quel avenir pour le cordon sanitaire ?
Derrière, les Verts (Grüne) de Robert Habeck obtiennent 12,3% (90 sièges), Die Linke est à 8,5% (62 sièges). Pour siéger au parlement allemand, il faut obtenir au moins 5% des suffrages. Les libéraux du FDP échouent à 4,7% (11,5% aux précédentes élections) ainsi que le tout nouveau BSW (scission de Die Linke) avec 4,9%. Ce dernier (Alliance Sahra Wagenknecht) appelle à se préoccuper du social en priorité. À un cheveu près, il ne pourra défendre sa politique au parlement.
En attendant les chiffres définitifs, il est évident que Friedrich Merz s’installera dans le fauteuil de chancelier. Si Olaf Scholz a voulu y croire jusqu’au dernier moment, son parti n’aura pas d’autre choix que de gouverner avec son rival. Car, si la prochaine composition du Bundestag est à présent bien dessinée, avec une présence très forte de l’extrême droite, celle du gouvernement demeure posée. Quelle coalition va diriger Friedrich Merz ?
Le futur chancelier a juré qu’il ne passera aucun accord gouvernemental avec l’extrême droite. Dont acte. Il a pourtant, durant la campagne, donné des signes qui ne peuvent que plaire à l’AfD. Auteur d’un livre intitulé « Oser le capitalisme », il veut que les entreprises allemandes renouent avec la compétitivité. Pour cela, il ne se souciera pas des conséquences pour les classes pauvres et les classes moyennes déjà durement touchées par les prix de l’énergie et des loyers. Il prévoit également une réforme du système des retraites qui favoriserait la « capitalisation ». L’économie libérale l’emportera durement sur le social. Son programme ne laisse aucun doute.
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Mais il s’est surtout rendu célèbre avec son discours sur la loi et l’ordre qui s’attaque à la question migratoire. L’extrême droite ne peut qu’approuver sa volonté de lutter contre le droit d’asile et de refouler les migrants en situation irrégulière. Il ne s’est d’autre part pas gêné pour exploiter les drames impliquant des étrangers. Il a aussi présenté une proposition de loi pour restreindre les rapprochements familiaux et faciliter la détention des personnes sans papiers. L’extrême droite, comme le Parti libéral FDP, s’étaient réjoui et avaient voté pour, joignant leurs voix à celles des partis centristes et de droite.
L’œil de Washington
On peut alors se demander ce qu’il fera de sa promesse qu’aucune majorité ne puisse être obtenue au Bundestag avec les voix de l’AfD. Le cordon sanitaire (« pare-feu », comme l’on dit outre-Rhin), semble aujourd’hui bien fragile. Les élections de ce dimanche 23 février ont été provoquées par l’éclatement de la coalition entre le SPD, les Verts et le Parti libéral. Alors que Friedrich Merz prête une oreille attentive aux propos et à la volonté de Washington (Donald Trump, Elon Musk et J.D. Vance lorsqu’il est venu à Munich), la composition de la coalition gouvernementale ne sera pas aisée. Même si l’on peut penser au SPD et aux Verts qui ne cachent pas leur attirance pour le néolibéralisme et Donald Trump.
Les résultats connus au moment où nous mettons en ligne peuvent évoluer dans la soirée