Cette réélection n’est pas seulement un plébiscite pour Milanović mais surtout un rejet massif du gouvernement conservateur d’Andrej Plenković, critiqué pour sa proximité avec les politiques de l’Union européenne, incarnées par Ursula von der Leyen.
Un président entre populisme et pragmatisme
Le mécontentement croissant de la population repose sur des bases solides. En proie à une inflation record, à une corruption endémique et à une pénurie de main-d’œuvre, la Croatie traverse une période d’instabilité économique et sociale. Ces difficultés, combinées à l’opposition à une éventuelle implication dans le conflit entre l’Europe et la Russie, ont renforcé un sentiment de défiance envers les élites au pouvoir. Milanović a su capitaliser sur ce mécontentement en se positionnant comme un opposant à la politique européenne actuelle, sans toutefois remettre en cause l’appartenance de la Croatie à l’UE.
Figure clé de la scène politique croate depuis deux décennies, Zoran Milanović est connu pour son style populiste et ses critiques acerbes des institutions européennes. Il n’a pas hésité à qualifier Bruxelles d’« autocratique et non représentatif », tout en défendant l’adhésion rapide des pays des Balkans à l’Union. Ce positionnement ambivalent, combiné à un discours direct, lui permet de séduire des électeurs de divers horizons politiques.
Toutefois, son refus d’aligner la Croatie sur la stratégie militaire de l’UE concernant l’Ukraine a alimenté les accusations d’être une « marionnette prorusse ». Milanović s’est opposé à la participation croate aux programmes de formation militaire pour les troupes ukrainiennes, suscitant des controverses au sein même de son pays. Malgré ces critiques, il demeure pour beaucoup un contrepoids symbolique face au gouvernement conservateur, jugé responsable des maux actuels de la Croatie.