En 2022, le niveau de vie de l’Allemagne aura baissé plus fortement qu’à aucun autre moment depuis la Seconde Guerre mondiale, selon un rapport du forum Nouvelle Économie. La hausse des prix de l’énergie a entraîné en 2022 une baisse des salaires réels plus importante que prévu pour les travailleurs allemands. Cette baisse est attribuée à la crise énergétique, qui a fait grimper les prix à la consommation à des niveaux records. Les économistes du groupe basé à Berlin soulignent que le déclin de la production économique allemande en 2022 est comparable à la crise financière de 2008.
Depuis le conflit ukrainien, le gouvernement fédéral n’a plus à sa disposition le gaz bon marché russe et paye plein pot le gaz liquéfié (GNL) américain. Certes, Berlin a évité la récession, mais l’économie allemande a reculé de 0,3 % en 2023, selon l’office fédéral de la statistique Destatis. La Bundesbank a récemment prévu une croissance de 0,4 pour cent pour l’année en cours. Cependant, certaines institutions financières comme la Deutsche Bank et la CommerzBank pensent que le PIB devrait diminuer encore sensiblement en 2024. L’incapacité actuelle à protéger le secteur industriel devrait faire des années 2020 une décennie perdue.
Les menaces de délocalisations outre-Atlantique
De son côté, le journal suisse 20 minutes porte un regard critique sur l’économie allemande, ne laissant que peu de place à l’optimisme. Une attention particulière est portée à la désindustrialisation et aux problèmes croissants qui se manifestent dans divers secteurs et souligne la situation précaire de la Deutsche Bahn (chemin de fer).
Quoi qu’il en soit, l’Allemagne est donc la seule grande nation industrielle dans le rouge. La conjonction d’une désindustrialisation grandissante et les mauvais indicateurs économiques sont désormais réalité. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est la menace de délocalisations grandissante des grands groupes allemands à l’étranger, entraînant une augmentation drastique des licenciements.
L’industrie chimique en plein marasme
En seulement deux ans, le troisième secteur industriel a perdu environ 23 pour cent de sa capacité de production. Face à un prix de l’électricité des plus élevé au monde, les entreprises chimiques, dont le plus grand groupe chimique BASF, répondent à la situation en supprimant des emplois et en réduisant leurs capacités de production. Le géant mondial a publié un chiffre d’affaires de 68,9 milliards d’euros, en chute de 18,4 milliards en un an !
De son côté, Bayer, le seul à avoir conservé une division pharmaceutique, a enregistré une perte nette colossale de près de 3 milliards. Le moral des entreprises s’est encore détérioré en début d’année, comme le montre l’indice IFO du climat des affaires. Certes, la puissante industrie chimique allemande ne va pas totalement s’effondrer, mais on note qu’actuellement de nombreuses entreprises familiales de taille moyenne ne voient plus de perspectives claires.
Il s’agit de comprendre que les travailleurs de toute l’Union européenne et plus globalement l’ensemble des travailleurs n’ont rien à gagner à la spirale de la guerre dans laquelle veulent nous entraîner les va-t-en-guerre. Cela nous aide à mieux comprendre la nécessité d’avoir le courage de la paix, condition nécessaire à la justice sociale.