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Jeppe Gustafsson/shutterstock
Virage nordique

Le Parlement suédois décide à l’unanimité d’augmenter les dépenses militaires

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Mise à jour le 4 juillet 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Armement Union européenne OTAN Suède

Le pays scandinave, qui a rejoint l’OTAN l’année dernière, a décidé à l’unanimité d’augmenter considérablement ses dépenses militaires. La Suède a pourtant une longue histoire de neutralité, qui lui a permis, pendant des siècles, de ne pas être impliquée dans des guerres.

La guerre en Ukraine, associée à la propagande de la peur, a fourni l’occasion de rompre cette neutralité historique et d’entrer dans l’OTAN. Et maintenant, celle-ci présente la facture

Tous ensemble pour l’OTAN

Le 18 juin, le Parlement suédois a voté à l’unanimité un projet de loi autorisant le gouvernement à émettre une dette de 300 milliards de couronnes suédoises (27 milliards d’euros) afin de renforcer la « défense totale » du pays.

Cela est déjà surprenant : ne nous dit-on pas depuis des années qu’il faut faire des sacrifices et de l’austérité pour réduire la dette ? La Grèce n’a-t-elle pas été soumise à des politiques terribles il y a seulement 10 ans à cause de sa dette ? L’Union européenne n’est pas contre cette fois-ci, elle applaudit même avec l’OTAN.

Qui financera cette dette ? La finance internationale, surtout anglo-américaine, mais aussi les groupes monopolistiques suédois. Une fois dans les caisses du gouvernement suédois, cet argent en ressortira quelques minutes plus tard pour aller dans les caisses des fabricants d’armes suédois (dont le groupe monopolistique Wallenberg) et américains (contrôlés par les mêmes groupes financiers qui ont financé la dette). Et ce sont les jeunes générations suédoises qui seront appelées à faire des sacrifices pour rembourser la dette.

L’ironie est que le modèle suédois de « défense totale » comprend également le financement de la mobilisation civile et de la résilience (comme on dit aujourd’hui) en cas de guerre : chemins de fer, centrales électriques, etc. Ces dépenses, qui étaient déjà nécessaires hier, ne sont financées aujourd’hui que parce qu’elles sont liées à la guerre, et non pour améliorer la vie des travailleurs suédois. Et on se demande : quelles voies ferrées seront construites ? Celles qui sont utiles aux pendulaires et au pays, ou celles qui sont nécessaires au transport d’armes entre les 17 bases américaines et de l’OTAN qui sont en projet ?

Le pays de la neutralité passera donc d’une dépense militaire représentant 0,9 % du PIB en 2015 à 5 % prévu pour 2035. Mais le chiffre est encore plus impressionnant si on le rapporte aux dépenses publiques : 23 % du budget de l’État sera consacré à la défense.

Le Parlement unanime

Cette loi a pu être adoptée avec le soutien unanime du Parlement suédois. Tous les groupes politiques, de l’extrême droite des Démocrates suédois au Parti de gauche (héritier du Parti communiste dissous) en passant par les Verts (ces deux derniers avaient voté contre l’adhésion à l’OTAN), ont soutenu cette proposition qui, en plus d’appauvrir les travailleurs suédois, augmente le risque de guerre mondiale et enrichit les groupes monopolistiques.

Les appels lancés ces dernières années pour augmenter les dépenses de santé n’ont servi à rien, dans un pays où l’État social n’est plus que l’ombre de ce qu’il était il y a quelques décennies. La gauche se berce en outre de l’illusion que, s’agissant d’une dette, il n’y aura pas de réduction des dépenses sociales. Un raisonnement que la social-démocratie a tenu il y a plus d’un siècle.

L’espoir est désormais hors de ces murs. Les sondages du mois dernier ont signalé une augmentation soudaine de 1,1 % du soutien au groupe hétéroclite « autres », qui regroupe les partis non représentés au Parlement, dont la gauche de Solidarité et du Parti communiste suédois et d’autres formations en opposition ouverte à ces décisions scélérates.

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