Souvent qualifiée de « phénix économique », elle a affiché une croissance impressionnante dans les années 2010, soutenue par des investissements étrangers massifs et des fonds structurels de l’Union européenne. Ce succès économique a permis d’améliorer les infrastructures, de réduire le chômage et d’élever le niveau de vie. Mais ce modèle est aujourd’hui fragilisé.
Une économie sous tension
En raison de réformes judiciaires controversées jugées contraires à l’État de droit, Bruxelles a suspendu des milliards d’euros de subventions destinées à la Pologne.
En 2020, l’inflation atteignait 6 %, mais les années suivantes ont vu ce taux exploser, parfois au-delà des 10 %. Ce phénomène, exacerbé par la hausse des prix de l’énergie et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, a lourdement affecté le pouvoir d’achat des Polonais. Les classes populaires et moyennes, déjà sous pression depuis des mois, expriment leur mécontentement, alimenté par une augmentation des coûts alimentaires et énergétiques.
La guerre en Ukraine a profondément redéfini les relations entre la Pologne et son voisin. Varsovie s’est imposée comme un allié majeur de Kiev, accueillant près de 1,5 million de réfugiés ukrainiens et fournissant une aide humanitaire et militaire considérable.
Impact de la guerre et défis à la frontière
Mais cet engagement n’est pas sans conséquences. L’arrivée massive de réfugiés a exercé une pression sur les infrastructures locales, notamment dans les domaines du logement, de la santé et de l’éducation. Les municipalités, bien qu’épaulées par des fonds européens, peinent à répondre à ces besoins.
Sur le plan économique, la guerre a perturbé les relations commerciales dans la région. La Pologne, étant un corridor logistique crucial pour les livraisons d’armes et d’aide à l’Ukraine, bénéficie d’une reconnaissance stratégique accrue, mais subit aussi les contrecoups de la hausse des coûts de l’énergie et de l’inflation liée au conflit.
Autre enjeu de taille : la Pologne lutte pour diversifier ses sources d’énergie. Historiquement dépendante du charbon, qui représente encore environ 70 % de son mix énergétique, elle se retrouve sous la pression de l’Union européenne pour accélérer sa transition vers des énergies renouvelables.
La guerre en Ukraine et la rupture avec les importations de gaz russe ont rendu cela encore plus urgente.
Les investissements dans les énergies renouvelables et le développement du nucléaire pèsent lourdement sur les finances publiques et privées. Les ménages supportent une partie de ces coûts sous forme de factures énergétiques en forte hausse, tandis que les entreprises polonaises, notamment les PME, peinent à rester compétitives.
Parallèlement, les régions fortement dépendantes du charbon, comme la Silésie, voient leur avenir menacé. Les grèves des mineurs et les manifestations se multiplient ; une tension grandissante entre le besoin de modernisation énergétique et la réalité sociale d’une population qui craint pour ses emplois.