Liberté Actus
qrcode:https://liberte-actus.fr/1120

Cet article est lisible à cette adresse sur le site Liberté Actus :

https://https://liberte-actus.fr/1120

Flachez le qrcode suivant pour retrouver l'article en ligne

paparazzza/shutterstock
Guerre en Ukraine

La « bussification » au cœur d’une mobilisation forcée

Accès abonné
Mise à jour le 21 février 2025
Temps de lecture : 4 minutes

Mots -clé

Ukraine Démographie Guerre Union européenne

Entre chute de la natalité, émigration massive et enrôlements forcés, l’Ukraine subit une hémorragie humaine inquiétante. Depuis le début du conflit, la natalité s’est effondrée, avec une baisse de 45 % depuis 2021. Le taux de fécondité, déjà en dessous du seuil de renouvellement des générations, continue de décroître.

En parallèle, l’espérance de vie des hommes a chuté brutalement, passant de 66,4 ans en 2020 à 57,3 ans en 2023.

Un effondrement démographique accéléré

L’émigration, autre fléau de cette guerre, prive le pays d’une large part de sa population. Près de six millions de civils ont fui, principalement des femmes et des enfants, tandis que les projections annoncent encore 700 000 départs supplémentaires d’ici à la fin de l’année. Cette fuite massive impacte gravement l’économie et la reconstruction du pays.

Ce phénomène de départs, combiné aux pertes militaires, engage la société dans un vieillissement structurel. Les experts craignent que l’Ukraine ne parvienne pas à inverser la tendance, même après la fin des hostilités. La disparition de nombreuses familles et la fuite des jeunes générations risquent de créer un vide démographique irréversible.

« Bussification » et chasse aux recrues

Avec une armée en sous-effectif, les autorités ukrainiennes ont intensifié leurs efforts pour recruter de nouveaux soldats, parfois par des moyens coercitifs. La « bussification » est l’un des phénomènes marquants de l’année 2024 : des hommes en âge de servir sont attrapés dans la rue, placés de force dans des bus et envoyés directement vers les centres d’enrôlement.

Des témoignages décrivent des scènes de chasse à l’homme dans les transports en commun, les marchés et même aux abords des lieux de culte. Pour beaucoup, éviter la mobilisation est devenu un combat quotidien, qui les amène à vivre dans la clandestinité. Certains jeunes hommes préfèrent risquer leur vie en traversant les frontières illégalement plutôt que de se retrouver sur le front.

Les désertions se multiplient avec 114 000 procédures pénales engagées et des estimations de 150 000 hommes ayant échappé au service militaire. Face à cette crise, le gouvernement a voté une loi d’amnistie permettant aux déserteurs de revenir sans sanction, mais uniquement pour ceux ayant fui avant novembre 2024.

Depuis l’arrivée de Donald Trump, l’Union européenne exerce une pression sur l’Ukraine pour intensifier la mobilisation. Certains dirigeants évoquent même la possibilité d’un abaissement de l’âge de conscription à 18 ans, malgré l’opposition de plusieurs responsables militaires ukrainiens.

La « bussification », une mobilisation sous contrainte

Cette méthode brutale, justifiée par la nécessité militaire, suscite une profonde angoisse au sein de la population masculine. Pour éviter d’être enrôlés, beaucoup se cachent, d’autres tentent de fuir à l’étranger malgré les restrictions imposées aux hommes en âge de servir. Le risque d’un effondrement social se profile alors que les jeunes générations disparaissent du pays, entre enrôlement forcé et exil. La guerre a transformé l’Ukraine en un État militarisé où la survie dépend autant de l’aide militaire occidentale que de sa capacité à préserver sa population face à cette saignée humaine sans précédent.

Message d'abonnement

Ces articles peuvent vous intéresser :

Soutenez-nous

Faire un don

En 2024, nous avons bâti un journal unique où les analyses se mêlent à l’actualité, où le récit se mêle au reportage, où la culture se mêle aux questions industrielles et internationales. Faites un don pour continuer l’aventure.