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Crise de la mobilisation militaire

L’armée ukrainienne atteint son niveau Oméga

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Mise à jour le 28 mars 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Ukraine Conflit ukraino-russe Guerre

Depuis plus de deux ans, l’Ukraine lutte pour contenir l’avancée russe. Au-delà des armes et du soutien occidental, c’est la capacité de renouvellement de ses troupes qui devient une question centrale.

Entre baisse de l’âge de la conscription, fuite des jeunes, désertion et pression internationale, le niveau Oméga de l’armée ukrainienne est en zone critique.

Un recrutement sous pression

À lire aussi : Vers une conscription à 18 ans en Ukraine ?

En avril 2024, l’Ukraine a abaissé l’âge de conscription de 27 à 25 ans et envisage, sous la pression des États-Unis, de le ramener à 20, voire 18 ans. L’objectif est de pallier le manque d’effectifs, devenu plus préoccupant que l’arsenal militaire. Selon Antony Blinken, ancien secrétaire d’État américain, «  même avec tout l’argent et les munitions, il faut des hommes en première ligne ».

Mais l’enthousiasme patriotique des premiers mois s’est largement dissipé. Malgré une nouvelle loi de mobilisation en mai 2024 visant 200 000 recrutements, la nécessité réelle est estimée à 300 000 soldats supplémentaires. Face à la réticence de la population, des pratiques coercitives comme la « bussification » se sont multipliées. Cette méthode, consistant à enrôler de force des hommes interceptés dans la rue.

Par ailleurs, les autorités ukrainiennes ont renforcé les restrictions pour empêcher les hommes en âge de combattre de quitter le territoire. Les exemptions médicales sont de plus en plus scrutées, et des descentes dans les entreprises et les universités sont rapportées. Le gouvernement envisage également de limiter encore davantage les reports d’incorporation pour les étudiants, ce qui pousse un nombre croissant de jeunes à quitter le pays dès la fin du lycée.

Une désertion massive fragilise l’armée

En 2022, on comptait 9 000 procédures pénales pour absence non autorisée, un chiffre qui a grimpé à 22 000 en 2023. En 2024, les estimations indiquent qu’au moins 100 000 soldats ont quitté leur unité, voire 150 000 selon certaines sources. Cette tendance est telle que près d’un soldat sur cinq aurait déserté. Pour masquer l’ampleur du phénomène, les officiers recourent souvent à la mention « disparu au combat ».

Face à cette hémorragie, la Verkhovna Rada a mis en place une période de grâce jusqu’au 1er mars 2025, permettant aux soldats absents sans autorisation de réintégrer l’armée sans sanctions. En décembre 2024, environ 7 000 déserteurs avaient déjà saisi cette opportunité, contre 3 000 en novembre.

Les témoignages en provenance du front indiquent que les troupes ukrainiennes souffrent non seulement d’un manque de renforts, mais aussi d’une rotation insuffisante. Beaucoup de soldats sont maintenus en première ligne pendant des périodes anormalement longues, ce qui accentue la fatigue, le stress et les cas de désertion. Certaines unités auraient perdu jusqu’à 50 % de leurs effectifs, rendant leur capacité de combat de plus en plus précaire.

L’épuisement des forces disponibles pousse également l’état-major ukrainien à envisager des mesures extrêmes, comme l’extension du service militaire aux citoyens ayant déjà été démobilisés, voire la réévaluation des critères médicaux d’exemption.

Le niveau Oméga d’une armée

Le niveau Oméga d’une armée désigne le point critique où le renouvellement des troupes ne permet plus de compenser les pertes, menaçant ainsi la capacité opérationnelle à moyen terme. Ce seuil est atteint lorsque les nouvelles recrues sont insuffisantes pour combler les désertions, les pertes au combat et l’usure des unités.

Dans le cas de l’Ukraine, cette situation se traduit par une baisse constante des effectifs, une réticence croissante à la mobilisation et des mesures de plus en plus drastiques pour maintenir un nombre minimal de soldats sur le front.

La mobilisation des femmes, une solution inévitable ?

Aujourd’hui, 68 000 femmes servent déjà dans les forces armées, dont 5 000 en unité de combat. Une proposition de loi vise à rendre la conscription féminine obligatoire, suivant le modèle israélien. Toutefois, cette mesure divise l’opinion publique ukrainienne et pose la question de l’impact social d’une telle réforme.

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