L’Allemagne est le pays d’Europe où l’on trouve le plus grand nombre de locataires (53,5 % contre 36,6 % en France). Cependant, comme dans le reste du continent, une crise du logement s’est installée chez nos voisins. Dans les grandes villes allemandes, il n’est donc pas rare de voir des files d’attente devant des immeubles, où les candidats à la location patientent avant de pouvoir visiter un appartement. À titre d’exemple, les loyers à Berlin ont augmenté de 27 % en 2023. Le phénomène touche également les zones rurales, avec des hausses de 7,9 % dans la Sarre, 9,1 % dans le Brandebourg et 10,3 % en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.
La hausse des prix, l’augmentation des dépenses et la montée des loyers affectent les foyers à revenus modestes en Allemagne. Cela provoque de la précarité, des arriérés de loyer et des expulsions. Selon les données de la DzW (fondation de lutte contre la pauvreté), 57 % des sans-abri allemands ont perdu leur logement à cause d’un avis d’expulsion et 21 % à cause de loyers et factures impayés.
Du logement à la rue
En 2022, la BAG W (Fédération nationale des prestataires de services aux sans-abri) dénombrait 447 000 personnes sans-abris dans le pays, soit 180 000 de plus que l’année précédente. Parmi elles, 75 000 ont moins de 25 ans. Le recensement ne se fait que grâce aux associations et dénombrent uniquement les personnes ayant demandé de l’aide.
Cette situation est une aubaine pour les trafiquants de drogue et les proxénètes qui proposent de se faire payer "autrement". En échange d’un logement, certains jeunes sont alors contraints de payer en service ou en nature.
En avril 2024, le gouvernement allemand a lancé un plan d’action national pour mettre fin au sans-abrisme d’ici à 2030, mais les associations trouvent ces propositions trop vagues.
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Pour Markus Kütter, assistant social et membre du conseil d’administration de Strassenkinder e.V., une association caritative pour les enfants sans abri à Berlin, le problème réside dans le suivi : « Les jeunes sont trop souvent libérés des services d’aide à la jeunesse sans avoir de logement [...] il faut repenser la manière dont les écoles et les services sociaux sont gérés, encourager une plus grande collaboration entre les écoles et les services indépendants et s’attaquer à la grave pénurie de logements abordables. »
C’est donc toute la politique sociale de Berlin qui est mise en question : quel avenir pour la jeunesse allemande si rien n’est fait ?