La NBD est devenue opérationnelle en 2016, avec son siège établi à Shanghai. Ce processus, relativement long, reflète la volonté de construire une alternative aux institutions internationales existantes, notamment au Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
Gouvernance et stratégie de dédollarisation
Depuis sa création, la NBD s’inscrit dans une vision à long terme et se positionne comme l’institution emblématique des BRICS+. Initialement fondée pour financer des projets d’infrastructure dans les pays en développement, elle s’attache à proposer une approche alternative, en rupture avec les mécanismes imposés par les institutions financières dominantes. Contrairement à ces dernières, la NBD refuse d’imposer des réformes fiscales agressives, la libéralisation des marchés financiers ou la dérégulation des échanges commerciaux. Son objectif est clair : offrir un modèle financier différent, centré sur des priorités stratégiques comme le financement des énergies renouvelables.
Dans sa stratégie pour la période 2022-2026, la NBD a fixé comme objectif d’allouer 40 % de ses prêts à ce secteur. Depuis 2016, la banque a progressivement étendu sa présence. Après l’ouverture de bureaux régionaux en 2019 à São Paulo, en Inde et en Russie, la NBD a accueilli de nouveaux membres : le Bangladesh et les Émirats arabes unis en 2021, l’Égypte en 2023 et son neuvième membre, l’Algérie en 2024. Cette diversification témoigne de son ambition de devenir une institution véritablement internationale.
La gouvernance de la NBD est un pilier central de son fonctionnement. Contrairement au FMI, elle ne reconnaît aucun droit de veto, chaque pays fondateur (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) détenant une part égale du capital. La présidence de l’institution est assurée à tour de rôle par chaque pays membre, selon un mandat préétabli de cinq ans. Par ailleurs, la NBD s’engage dans une stratégie de dédollarisation ambitieuse.
Elle prévoit d’augmenter l’utilisation des monnaies locales dans ses projets, avec un objectif de 30 % d’ici à 2026, tout en réduisant la part des crédits octroyés en dollars à 70 % d’ici à 2030. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de renforcer l’autonomie financière de ses membres et d’éviter les fluctuations liées à la domination du dollar.
Un autre point stratégique concerne le financement des énergies renouvelables. La majorité des matériaux nécessaires à ces technologies étant produits dans les pays membres, cette orientation valide un choix stratégique cohérent et renforce les économies locales.
Vers une expansion internationale
L’adhésion à la NBD est ouverte à tous les membres des Nations unies, ce qui augure une croissance potentielle significative dans les années à venir. L’institution aspire à devenir un acteur clé du financement mondial, sans être polarisée par un seul pays, mais multipolarisée.
Cette approche se distingue des organisations financières internationales dominées par des intérêts occidentaux. Depuis 2023, la présidence de la NBD est assurée par Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil (2011-2016). Sous sa direction, l’institution poursuit une transformation en profondeur, avec en ligne de mire un projet audacieux : la création d’une monnaie commune pour les BRICS+. En écho à la déclaration de Luiz Inácio Lula da Silva, actuel président du Brésil, Rousseff met en avant la nécessité de diversifier les bases du commerce international : « Chaque soir, je me demande pourquoi tous les pays doivent baser leur commerce sur le dollar ».
En 2025, la présidence de la NBD passera à la Russie. Parmi les nombreux projets en cours, le programme « BRICS Bridge », axé sur le commerce en monnaies locales, sera sans doute une priorité. La réussite du sommet de Kazan a déjà ouvert la voie à une intensification de ces efforts.
En somme, la Nouvelle banque de développement représente bien plus qu’une alternative aux institutions financières traditionnelles. Elle incarne une vision multipolaire du financement mondial et un espoir de transformation des relations économiques internationales.