Avec près de 50 % de la population mondiale et 40 % du PIB global, les BRICS veulent désormais jouer un rôle central dans les négociations climatiques. En avril 2025, leurs ministres de l’Environnement ont adopté une déclaration commune réaffirmant leur attachement à l’Accord de Paris et au multilatéralisme. Une première, tant le groupe était jusqu’ici divisé sur ces enjeux.
Une alliance climatique stratégique
Le Brésil, en chef de file, a revu à la hausse ses objectifs climatiques : réduction de 67 % de ses émissions d’ici à 2035, contre 59 % auparavant. Une ambition qui contraste avec la prudence de pays comme l’Inde, qui n’ont pas encore soumis de CDN (contributions déterminées au niveau national) actualisées. Les CDN sont les plans climatiques que chaque pays soumet à l’ONU dans le cadre de l’Accord de Paris. Ils fixent les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Selon l’ONU, seuls 13 pays sur 190 l’ont fait début 2025.
Sur le plan financier, les BRICS proposent une refonte de l’architecture mondiale. Leur projet phare : un mécanisme de financement climatique de 1 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035, destiné aux pays du Sud. Objectif : corriger les déséquilibres d’accès aux financements et renforcer l’autonomie des économies émergentes.
Le Brésil entre leadership et contradictions
La COP30 se tiendra pour la première fois en Amazonie, à Belém. Un choix hautement symbolique, alors que cet écosystème vital stocke à lui seul 10 % du CO₂ mondial. Le Brésil entend faire de cette édition un tournant, en mettant en avant trois priorités : la protection des forêts, l’intégration des peuples autochtones et l’adaptation climatique.
Le lancement de la Tropical Forest Finance Facility (125 milliards de dollars) vise à financer la conservation des forêts tropicales. Un « cercle de leadership autochtone » sera également créé pour intégrer les savoirs traditionnels dans les politiques climatiques. Enfin, les Plans Nationaux d’Adaptation (PNA) seront renforcés, notamment dans le domaine de l’agroécologie.
Mais cette posture volontariste est ternie par une réalité plus ambivalente : le Brésil, 8e producteur mondial de pétrole, défend l’exploitation offshore pour financer sa transition. Une position qui suscite critiques et tensions, notamment parmi les ONG et les pays insulaires.
Le Fonds Amazonie, un modèle relancé
Créé en 2008 et gelé sous la présidence Bolsonaro, le Fonds Amazonie a été relancé en 2023. Doté de 1,3 milliard de dollars, il finance des projets de conservation et sert de modèle pour la future Tropical Forest Finance Facility.