Cette bourse des céréales marque un tournant dans le commerce agricole mondial. Son objectif est de proposer une alternative aux marchés occidentaux, permettant aux pays du Sud de réduire leur dépendance aux prix volatils fixés par le Chicago Mercantile Exchange (CME).
Les BRICS+ disposent de ressources agricoles significatives : ils couvrent environ 30 % des terres arables mondiales et produisent 40 % des céréales, ainsi que 50 % des produits laitiers et du poisson. À terme, ces pays espèrent réduire l’influence du dollar américain dans les échanges en développant les transactions en monnaies locales ou en utilisant une unité de compte BRICS+. Cette démarche renforcerait l’indépendance financière des membres face aux fluctuations monétaires des économies occidentales. Elle entraînerait également une dédollarisation des échanges, permettant aux pays du Sud de bénéficier de prix plus stables et équitables, tout en contribuant à la sécurité alimentaire par une stabilité accrue des livraisons.
Le commerce des métaux précieux
Bien que le projet de bourse céréalière soit axé sur le secteur agricole, les BRICS+ montrent un intérêt croissant pour le commerce des métaux précieux. Certains membres envisagent d’intensifier leur commerce de ces ressources en établissant des standards de qualité communs. Cela pourrait ouvrir la voie à une structure de régulation unifiée, couvrant l’or, l’argent et le platine.
Une telle structure permettrait de centraliser leurs ressources stratégiques sous une organisation commune, réduisant ainsi leur dépendance aux bourses de métaux précieux basées à Londres et New York. Cette nouvelle bourse renforcerait la résilience des économies du groupe, faciliterait les échanges et offrirait de nouvelles options pour les réserves de change, notamment pour l’or, souvent privilégié pour sa fonction de valeur refuge. Un tel dispositif donnerait aux économies émergentes un meilleur contrôle sur le prix des ressources cruciales pour leur développement.
C’est un mécanisme de certification international mis en place pour lutter contre le commerce des "diamants de la guerre" ou "diamants de conflits", ces pierres précieuses vendues pour financer des conflits armés, en particulier en Afrique.
Initié en 2000 à Kimberley, en Afrique du Sud, ce processus a été adopté en 2003 par plusieurs pays, en collaboration avec l’industrie des diamants et des organisations non gouvernementales, afin de garantir que les diamants bruts interagissent sur les marchés internationaux de sources légitimes, sans liens avec des conflits armés.
Les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) jouent un rôle essentiel dans le Processus de Kimberley pour plusieurs raisons :
- L’Afrique du Sud – Membre fondateur du BRICS et du Processus de Kimberley – est l’un des grands producteurs de diamants, ce qui place ce pays au cœur de cette initiative, tant pour la promotion de la transparence que pour la lutte contre le financement des conflits en Afrique.
- La Russie est aussi un producteur majeur de diamants bruts. Elle adhère au Processus de Kimberley pour maintenir la légitimité et la transparence de son commerce de diamants, renforçant ainsi la fiabilité de ses exportations.
- L’Inde et la Chine sont parmi les plus gros centres de taille et de polissage de diamants au monde. L’adhésion au Processus de Kimberley est cruciale pour eux afin de s’assurer que les diamants qu’ils travaillent proviennent de sources vérifiées et ne soient pas associés à des conflits.
- Le Brésil, bien qu’il ne soit pas un acteur majeur dans la production ou la transformation des diamants, soutient également cette initiative, renforçant ainsi la cohésion des BRICS dans la lutte contre l’instabilité liée au commerce des diamants de la guerre.