On se souvient que fin avril 2018, le département de la justice américaine avait ouvert une enquête contre Huawei pour déterminer si le groupe avait enfreint les sanctions américaines contre l’Iran en vendant ses produits à la République islamique. Cette enquête avait été suivie d’une interdiction de vendre ses équipements de réseaux télécoms et d’acheter auprès des fabricants américains. Très vite, ses produits, devenus incompatibles avec le système d’exploitation mobile Android, avaient disparu des rayons hors de Chine. Sa part de marché s’était effondrée de 18 % à 4 %.
L’ex-numéro un du portable a failli mourir des sanctions américaines et européennes qui l’ont frappé en 2019. La firme de Shenzhen a su réagir et se réinventer par une diversification et une innovation pour laquelle elle consacre un quart de son chiffre d’affaires.
Un bannissement occidental mis en échec
Après avoir stoppé sa descente aux enfers en 2022, Huawei accélère sa reprise avec une croissance de son chiffre d’affaires de 10 % en 2023. Un résultat qu’il doit à son retour sur le marché des mobiles et à la poursuite de son développement.
Le sourire est de rigueur chez Huawei. Déstabilisé par l’embargo américain qui le frappe depuis 2019, le géant chinois qui compte 207 000 salariés, accélère son rebond. Pour le président du groupe Richard Yu, qui, après des années de travail acharné, considère que son entreprise a traversé la tempête.
Huawei peut triompher avec une hausse des recettes et une croissance de 27 % au quatrième trimestre 2023 ; soit quasiment autant qu’en fin 2019. Cette performance s’explique en grande partie par le lancement du Mate 60, équipé de la première puce gravée en série en 7 nm par un fondeur chinois. Les ventes de smartphones ont grimpé de 72 % sur les cinq premiers mois de l’année. Depuis l’été dernier, le Mate 60 enregistre une croissance phénoménale avec un système sur puce maison doté d’un composant 5G.
Ce qui, de l’avis de tous, est une sacrée performance.
Élan patriotique
Cette performance a permis à Huawei de récupérer, en octobre dernier, la première place du marché chinois malgré le lancement des nouveaux iPhone. Les ventes de ces smartphones sont notamment dopées par un élan patriotique, célébrant une entreprise qui a su déjouer les restrictions imposées par Washington.
Ainsi, le milliard est en approche pour le géant chinois qui a vendu 900 millions d’appareils en tout genre. Et les ambitions de l’entreprise ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Avec son système d’exploitation HarmonyOS Next, l’opérateur de Shenzhen coupe définitivement le cordon avec Android. Son système d’exploitation est aussi utilisé par les autres appareils du groupe (des téléviseurs aux montres connectées) ; il est en passe de devenir un incontournable du marché. Certes, son chiffre d’affaires reste encore inférieur de 20 % par rapport à 2020. Mais force est de constater que la stratégie de découplage des États-Unis est mise en échec sur toute la ligne par un retour fracassant de Huawei.