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Le G20 face au déclin de l’hégémonie occidentale

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Mise à jour le 10 juin 2025
Temps de lecture : 12 minutes

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BRICS États-Unis OTAN Afrique du Sud G20

Lors de son discours d’ouverture devant les ministres des Affaires étrangères des pays du G20 se réunissant à Johannesburg, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, a rappelé l’importance des « principes de la Charte des Nations Unies, du multilatéralisme et du droit international » comme éléments qui « devrait être le ciment qui [nous] unit ». Un rendez-vous qui a volontairement été snobé par les États-Unis.

Dans ce contexte d’incertitude et des tensions géopolitiques, il est de bon ton d’évoquer les tenants et aboutissants de ces groupes de discussions tels que le G20 et notamment les nouvelles perspectives venant des pays émergents.

Que faire après Bretton Woods ?

En 1971, le président américain Richard Nixon prend la décision de mettre fin de manière brutale au système Bretton Woods, qui, avec le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), régulait le commerce international sous la coupe américaine depuis près de 30 ans.

Dans ce contexte de fin de ce système datant de la Seconde Guerre mondiale et de crise pétrolière, que faire  ? Très vite, les États-Unis, la France, le Japon, le Royaume-Uni et l’Allemagne de l’Ouest se réunissent dans ce qui va devenir plus tard le G8 avec le ralliement de l’Italie, du Canada et de la Russie eltsinienne.

Les voix du Sud ne semblent pas être à l’ordre du jour des puissances occidentales et l’exclusion de la Russie en 2017 renforce cette tendance à une vision unilatérale, où les intérêts des grandes puissances dominent les discussions au détriment d’une représentation plus équilibrée des enjeux globaux. Actuellement, sur les 7 membres du G7, il n’y a que le Japon qui n’est pas membre de l’OTAN. Une domination atlantiste qui limite la diversité des perspectives et renforce une vision du monde centrée sur les intérêts des États-Unis et de leurs alliés, au point que l’on peut considérer le G7 comme un « Bretton Woods bis », reproduisant les mécanismes de gouvernance économique mis en place après la Seconde Guerre mondiale au bénéfice des puissances occidentales.

Le G20 comme une réponse au Bretton-Woods bis

Face à cette dynamique, la création du G20 en 1999 a répondu à la nécessité d’inclure des économies émergentes comme la Chine, le Brésil ou l’Inde, offrant ainsi une plateforme plus représentative des rapports de force mondiaux.

L’organisation de ce nouveau groupe est, encore une fois, un espace informel de discussion sans réelle structure ni protocole. La principale chose qui diffère est que le G20 a pour but de favoriser la stabilité financière internationale et le dialogue entre les pays industrialisés et les économies émergentes. L’importance économique des pays du G7 n’est plus la même qu’avant : 40 % du PIB mondial actuellement contre 70 % en 1975, ce qui oblige ces derniers à dialoguer avec le Sud. D’autant plus que les pays membres des BRICS+ tels que la Chine (2ᵉ PIB mondial) et l’Inde (5ᵉ PIB mondial) ne sont pas conviés parmi les puissances du G7 malgré leur développement économique important.

L’absence de règles et de protocoles peut être un avantage certes, mais cela contribue au fait que les puissances occidentales traditionnelles se désintéressent du G20. C’est une chose que l’on observe souvent, et cela ne serait-ce que lors de la dernière réunion des chefs diplomatiques du G20 à Johannesburg les 20 et 21 février. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a illustré son indifférence en tournant en dérision les réunions avec une vidéo postée sur ses réseaux sociaux montée façon Bref.

Les BRICS+ à la manœuvre

En s’appropriant le G20, les puissances émergentes espèrent rendre audibles leurs voix. Au cours des trois dernières années, le G20 a été successivement accueilli par des nations du Sud, membres ou partenaires des BRICS+ : l’Indonésie en 2022, l’Inde en 2023, le Brésil en 2024, et l’Afrique du Sud cette année.

Les pays membres des BRICS ont activement milité pour l’intégration de l’Union africaine au sein du G20. C’est chose faite lors du sommet à Delhi en 2023. Une intégration qui change la donne, particulièrement à propos des questions autour de la faim et de la paix. Cette intégration n’est pas bien accueillie par les puissances historiques occidentales, notamment les USA qui, à l’occasion de la première présidence du G20 confiée à un pays africain, fait la politique de la chaise vide… Effectivement, les volontés des nouvelles voix du G20 sont claires : « Solidarité, égalité, durabilité. » [1]

Les BRICS+ jouent un rôle central dans la promotion des droits de l’homme, notamment en matière de paix et d’égalité, à travers leur influence croissante au sein du G20. La Chine s’est illustrée au travers de multiples tentatives de médiation entre l’Iran et l’Arabie saoudite, ce qui a permis la reprise de leurs relations diplomatiques. Par ailleurs, dans la volonté de rééquilibrer la gouvernance mondiale, les BRICS+ ont multiplié les initiatives en faveur de la dédollarisation et d’un commerce plus équitable.

L’Afrique du Sud démontre une gestion efficace et engagée de sa présidence du G20 en plaçant la solidarité, l’égalité et la durabilité au cœur de son programme. En favorisant un dialogue inclusif, notamment avec le Groupe syndical 20 (L20), elle s’assure que les préoccupations des travailleurs et des travailleuses sont prises en compte dans les décisions économiques mondiales.

L’essor des BRICS+ au sein du G20 montre que la gouvernance mondiale évolue vers un modèle plus inclusif, bien que cette transition reste semée d’embûches et d’incertitudes.

Notes :

[1Devise de la présidence sud-africaine.

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