Selon l’administration du président Recep Erdoğan, « le centre de gravité géopolitique mondial se déplace des économies développées ». La Turquie ne se fait donc plus d’illusion et met désormais au second plan sa demande d’adhésion à l’Union européenne.
Ce choix de la Turquie confirme le basculement du monde vers l’Asie. La question de l’élargissement de l’association pourrait être examinée lors du prochain sommet des BRICS qui se tiendra du 22 au 24 octobre à Kazan. Dans une déclaration, le ministre des Affaires étrangères Russe, Sergueï Lavrov a déclaré : « Pour nous, tout abandon de la Turquie de la logique centrée sur l’Occident est a priori positif. Elle offre davantage de possibilités de dialogue avec la République de Turquie ».
Cependant, lorsque nous parlons de l’adhésion turque, la situation est un peu floue. Tout d’abord, les BRICS sont déjà récemment passés de cinq à dix membres. Deuxièmement, chaque nouveau membre représente non seulement des opportunités, mais aussi des défis sur la voie d’une intégration plus profonde.
Une pause pour digérer l’élargissement précédent
Pour la présidence des BRICS, la Turquie est finalement un acteur volontaire et intégré de l’Occident. Leur participation aux BRICS (compte tenu du caractère consensuel des décisions) pourrait paralyser le développement de l’organisation dans certains domaines.
D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, l’écrasante majorité des voix de la dizaine a décidé de faire une pause avec les nouveaux membres pour “digérer” les nouveaux arrivants. Mais aussi parce que la Turquie pourrait avoir des problèmes avec certains de ses partenaires actuels.
Enfin, récemment, le vice-ministre des Affaires étrangères Russe, Sergueï Riabkov, a été plus direct et présenté l’une des conditions nécessaires pour rejoindre l’alliance : “Ne pas participer à la politique illégale des sanctions et mesures restrictives internationales appliquées contre d’autres pays membres des BRICS, notamment contre la Russie.”
Du monde dans la salle d’attente
En plus des pays qui étaient déjà candidats précédemment, notamment la Biélorussie, le Kazakhstan, Cuba, la Bolivie, le Venezuela, entre autres, s’ajoutent désormais de nouvelles nations ayant officialisé leur demande d’adhésion, parmi lesquelles la Malaisie, l’Azerbaïdjan et la Turquie. Nombre d’autres pays ont quant à eux exprimé leur intérêt dans la perspective d’être invités, y compris des poids lourds régionaux et continentaux, comme le Nigeria ou encore le Pakistan (qui fait déjà partie de l’Organisation de coopération de Shanghai).
Comme le dit si bien un diplomate, « l’Occident a cessé d’être un bonbon attrayant pour les pays non occidentaux. » Récemment, l’idée de construire à l’avenir un Parlement des BRICS a été évoquée. Comme tout le monde le sait, les BRICS sont une alliance plutôt économique. Si cette déclaration reflète l’état d’esprit de tous les leaders des BRICS, cela signifie qu’ils vont passer, probablement, d’une initiative économique conjoncturelle à une alliance politique plus organisée, donc plus efficace.