Le Sommet de Tianjin s’est déroulé dans un climat de rejet de l’unilatéralisme occidental, jugé dominateur et dépassé. Les sanctions économiques, les politiques de confrontation et les relents de la Guerre froide ont été dénoncés comme des entraves à la souveraineté des nations. Cette posture fait écho à l’esprit de Bandung (1955), où les pays non-alignés revendiquaient déjà leur indépendance face aux blocs dominants.
La Déclaration de Tianjin condamne les mesures coercitives, notamment les droits de douane imposés par les États-Unis à l’Inde, qui ont favorisé un rapprochement stratégique entre New Delhi et Pékin. Ce tournant diplomatique illustre une volonté commune de bâtir un monde fondé sur le respect mutuel, la souveraineté et la coopération.
BRICS, OCS et la diplomatie des corridors
L’OCS ne se limite pas à une critique de l’ordre établi. Elle propose une alternative concrète, en synergie avec les BRICS. La création d’une Banque de développement de l’OCS, en parallèle de la Nouvelle Banque de Développement des BRICS, vise à financer des infrastructures stratégiques dans les pays du Sud. Les deux organisations soutiennent la dé-dollarisation, la mise en place de systèmes de paiement alternatifs et l’émission d’obligations communes.
Les corridors numériques et énergétiques, portés conjointement par les BRICS et l’OCS, visent à renforcer l’interconnexion des pays eurasiens et africains, tout en réduisant leur dépendance aux réseaux occidentaux.
En marge du sommet, une série de rencontres bilatérales a eu lieu : Arménie-Iran, Iran-Russie, Arménie-Chine, Russie-Turquie… Ces dialogues renforcent les liens régionaux et accélèrent la bascule vers un monde où les alliances se construisent en dehors des logiques de blocs. Cette diplomatie active est le moteur discret mais puissant du nouvel ordre mondial.
Le monde multipolaire n’est plus une perspective lointaine. Il est déjà là. L’OCS, en complémentarité avec les BRICS, l’Union africaine et un G20 en mutation, redonne vie au multilatéralisme. La Déclaration de Tianjin n’est pas seulement un manifeste, c’est une feuille de route pour un avenir fondé sur la souveraineté, la coopération et le respect des peuples.
L’OCS, une organisation en pleine expansion
Fondée en 2001, l’Organisation de Coopération de Shanghai regroupe aujourd’hui dix membres permanents : Chine, Russie, Inde, Pakistan, Iran, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Biélorussie (depuis 2024). Elle s’est imposée comme un acteur régional majeur, puis mondial, en matière de sécurité, d’économie et de diplomatie.
Le Laos a récemment obtenu le statut de partenaire, et l’Arménie a officiellement déposé une demande d’adhésion. L’OCS attire de plus en plus de pays désireux de s’affranchir des logiques de blocs et de participer à une gouvernance mondiale plus équitable.
Les grandes décisions de la Déclaration de Tianjin
- Affirmation d’un ordre mondial multipolaire
— Rejet de l’hégémonie occidentale et des sanctions unilatérales.
— Appel à une gouvernance mondiale équitable, fondée sur le respect des souverainetés. - Réforme du multilatéralisme
— Soutien au rôle central de l’ONU, mais appel à sa réforme pour mieux représenter les pays du Sud.
— Défense du système commercial multilatéral avec l’OMC au cœur. - Coopération économique renforcée
— Création d’une Banque de développement de l’OCS.
— Promotion de la dé-dollarisation et des systèmes de paiement alternatifs.
— Soutien aux Nouvelles routes de la soie - Sécurité régionale et lutte contre les menaces
— Condamnation du terrorisme, du séparatisme et de l’extrémisme.
— Création de centres spécialisés pour la sécurité, la cybercriminalité et la lutte antidrogue.
— Condamnation des frappes militaires israélo-américaines contre l’Iran.
— Soutien à un Afghanistan pacifique et inclusif. - Dialogue politique et diplomatie active
— Rapprochement Inde-Chine et renforcement du partenariat russo-chinois.
— Élargissement de l’OCS avec l’adhésion de la Biélorussie et la demande officielle de l’Arménie. - Coopération culturelle, technologique et environnementale
— Engagement en faveur de l’IA, des technologies avancées et du développement durable.
— Préservation de la mémoire historique et lutte contre la réhabilitation du nazisme.
— Soutien au tourisme, aux échanges culturels et à la non-discrimination dans le sport.