Au son des salves de canon et sous les applaudissements, le président chinois Xi Jinping a entamé les 14 et 15 avril une visite d’État au Vietnam, marquant une intensification du rapprochement entre les deux nations. Cette visite, la quatrième du Président chinois à Hanoï, intervient dans un contexte géopolitique tendu et vise à renforcer un front commun face à l’hégémonie américaine dans la région.
Contrer l’endiguement américain
Accueilli avec faste, Xi a été reçu par Tô Lâm, nouveau secrétaire général du Parti communiste vietnamien, avec qui il partage une même ambition : ériger une « communauté d’avenir partagé » sino-vietnamienne. Cet axe Pékin-Hanoï, réaffirmé dans les discours officiels, repose sur un socle idéologique commun, mais aussi sur des intérêts économiques et stratégiques convergents.
La Chine entend renforcer ses alliances régionales face à la stratégie d’endiguement menée par Washington, notamment à travers le Quad et le Partenariat économique indo-pacifique. En cause : les tensions commerciales initiées sous l’administration Trump, notamment les taxes douanières sur les produits vietnamiens et les restrictions récentes sur les semi-conducteurs.
Ce déplacement intervient dans la foulée d’une série de visites croisées entre hauts responsables chinois et vietnamiens. Le message est clair : Pékin et Hanoï souhaitent afficher une solidarité idéologique, tout en diversifiant leur coopération économique dans un cadre bilatéral autonome vis-à-vis de l’Occident.
Coopération tous azimuts
Côté chinois, la visite s’inscrit dans une offensive diplomatique plus large visant à promouvoir les trois grandes initiatives globales de Xi Jinping — Sécurité, Développement et Civilisation — dans le monde en développement. Le Vietnam, pays voisin et membre de l’ASEAN, joue un rôle de premier plan dans cette stratégie.
Au terme de la visite, 45 accords ont été signés dans des domaines aussi variés que les infrastructures, la technologie, la sécurité, la culture et l’agriculture. Des projets concrets ont été annoncés, comme la modernisation des axes ferroviaires transfrontaliers, la coopération douanière, l’accueil de produits agricoles vietnamiens sur le marché chinois, et même la création de circuits touristiques « rouges » autour de l’héritage révolutionnaire partagé.
Sur le plan sécuritaire, les deux pays ont convenu de renforcer les mécanismes de dialogue entre ministères de la Défense, de la Sécurité publique et des Affaires étrangères. Une façon de stabiliser une relation historiquement marquée par des différends en mer de Chine méridionale, tout en posant les bases d’un nouveau modus operandi bilatéral.
Les six axes de coopération proposés par Xi Jinping
- Confiance politique : Dialogue renforcé entre partis et organes consultatifs.
- Sécurité commune : Mécanisme « 3+3 » pour la diplomatie, la défense et la sécurité intérieure.
- Croissance partagée : Connexions ferroviaires, ports intelligents, investissements chinois.
- Échanges humains : Coopération culturelle, touristique et médicale.
- Voix commune à l’ONU : Soutien à un monde multipolaire et aux initiatives globales chinoises.
- Gestion maritime : Dialogue constructif en mer de Chine méridionale.