Une victoire stratégique et symbolique face au « tigre de papier » de l’impérialisme américain, que la Chine entend dépasser avec méthode, planification et développement de son indépendance nationale.
Pékin affiche sa fermeté et récolte les fruits de sa stratégie
Sur les réseaux sociaux chinois comme dans la presse officielle, l’heure est à la célébration maîtrisée. La Chine savoure ce qu’elle présente comme une victoire de la fermeté face à la première puissance mondiale, qualifiée par certains commentateurs de « tigre de papier ».
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Après plusieurs semaines de négociations tendues, les États-Unis ont accepté de ramener leurs droits de douane sur les produits chinois de 145 % à 30 % pour une période de 90 jours. En échange, Pékin a consenti à une réduction de ses propres taxes sur les produits américains, mais sans accorder de concessions structurelles.
La communication officielle insiste : la Chine n’a pas cédé sur l’ouverture de ses marchés, ni sur la réévaluation de sa monnaie, ni sur des achats massifs de produits américains. Cette posture est largement relayée sur les forums et réseaux sociaux, où de nombreux internautes saluent la capacité du gouvernement à résister à la pression. Les médias du Parti communiste mettent en avant la « sagesse stratégique » de la Chine, fondée sur le refus des diktats extérieurs, une planification rigoureuse et une vision de long terme.
Une victoire sans triomphalisme
Cette désescalade tarifaire intervient alors que l’économie chinoise commençait à ressentir les effets de la guerre commerciale. D’après Natixis, les droits de douane à 145 % menaçaient jusqu’à 6 millions d’emplois en Chine et auraient pu entraîner une perte de 2,5 % de PIB. En engageant le dialogue, Pékin a obtenu une pause tarifaire sans compromettre ses objectifs stratégiques.
Mais la Chine regarde déjà au-delà de cette trêve. Loin du triomphalisme, les autorités misent sur le renforcement du marché intérieur, soutenu par une hausse progressive des salaires et une stimulation ciblée de la consommation. Cette politique s’inscrit dans une dynamique d’indépendance nationale et de découplage économique progressif vis-à-vis des États-Unis.
Sur le plan international, la Chine poursuit la consolidation de ses alliances dans le Sud global.
À l’occasion d’un récent forum sino-latino-américain, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a appelé à l’union des forces entre la Chine et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes pour construire un « méga-marché » Sud-Sud, intégré aux nouvelles routes de la soie.
Un crédit de 9 milliards de dollars pour l’Amérique latine
À l’occasion du sommet Chine-Amérique latine, Pékin a annoncé l’octroi d’une ligne de crédit de 9 milliards de dollars à destination des pays d’Amérique du Sud et des Caraïbes. L’objectif est de financer des projets d’infrastructure, d’énergie et de connectivité, en lien avec l’initiative des nouvelles routes de la soie.
Le président chinois Xi Jinping a souligné que ce soutien financier visait à « renforcer l’autonomie de développement des pays latino-américains », dans un contexte international marqué, selon ses mots, par la « confrontation » et le « harcèlement », une allusion directe à l’ingérence américaine. La Chine souhaite faire émerger, avec ses partenaires du Sud, un « méga-marché multipolaire » échappant aux logiques de domination des anciennes puissances coloniales.