Un chantier à haute portée économique et géopolitique.
Une ligne entre frontière, capitale et mer
Le projet de ligne ferroviaire Lào Cai-Hanoï-Hải Phòng, long de près de 400 km, devrait être lancé d’ici fin 2025, selon le calendrier fixé par l’Assemblée nationale vietnamienne. D’un coût estimé à 8,369 milliards de dollars, ce corridor reliera trois nœuds majeurs : Lào Cai, à la frontière chinoise, Hanoï, centre névralgique du pays, et Hải Phòng, principal port du nord.
Conçue pour optimiser les échanges internes et externes, cette ligne reliera les productions industrielles et agricoles de l’arrière-pays aux marchés d’exportation. Elle s’inscrit dans un processus de modernisation logistique, représentant un véritable levier de transformation logistique pour le pays, encore très dépendant du transport routier.
Le réseau ferroviaire vietnamien repose toujours sur une infrastructure à voie métrique, construite sous la colonisation française. Ce nouveau projet introduira une voie standard (1,435 mm), conforme aux standards internationaux, permettant des vitesses de 160 km/h pour les passagers et 120 km/h pour les marchandises.
La ligne sera entièrement électrifiée, dotée de double voies et d’un système de signalisation moderne. Elle devrait permettre un saut technologique pour l’industrie ferroviaire vietnamienne, avec la création de nouvelles compétences, de centres de maintenance et d’unités de production locale.
Une portée régionale et géopolitique
Lào Cai se situe au contact de la province chinoise du Yunnan. Le projet pourrait s’interconnecter au réseau chinois, renforçant les flux transfrontaliers dans la région du Grand Mékong. En traversant plusieurs provinces industrielles et rurales, cette ligne apportera un désenclavement crucial aux zones montagneuses du nord, facilitant l’accès aux sites touristiques comme Sa Pa, dans la province de Lào Cai.
Le chantier générera des milliers d’emplois directs et indirects, depuis les travaux jusqu’à l’exploitation, tout en stimulant un tissu industriel ferroviaire local.
Un réseau vieillissant et sous-utilisé
Le réseau ferroviaire vietnamien actuel s’étend sur près de 3 200 km, mais reste dans un état technique très dégradé. Hérité en grande partie de l’époque coloniale, il fonctionne encore largement sur une voie métrique, avec un parc roulant ancien et des infrastructures mal adaptées aux besoins du XXIe siècle. La vitesse moyenne des trains oscille entre 40 et 60 km/h, et les liaisons internationales sont quasi inexistantes.
Le rail ne représente qu’une infime part du transport de fret (moins de 2 %) et de passagers (environ 1,5 %). Face à l’explosion du trafic routier et aux enjeux environnementaux, sa modernisation apparaît désormais comme un impératif stratégique pour le pays.