À Qingdao, port stratégique chinois, les ministres de la Défense de Chine, de Russie et d’Iran ont affiché une unité rare dans un contexte international tendu. Cette rencontre, tenue au lendemain du sommet de l’OTAN à La Haye, a été présentée par Pékin comme une réponse à « l’unilatéralisme croissant » et aux « actes hégémoniques » qui fragilisent l’ordre mondial.
Sécurité partagée, stabilité projetée
Loin des logiques d’extension militaire, l’OCS privilégie une approche régionale de la stabilité : coordination des politiques de défense, partage d’informations sur les menaces hybrides et renforcement des capacités nationales. Pour Pékin, la stabilité de l’Iran – fournisseur clé d’hydrocarbures – est une priorité énergétique. Pour Moscou, la consolidation de ses partenariats orientaux compense l’isolement occidental.
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Cette architecture de sécurité repose sur une lecture pragmatique des interdépendances. L’OCS, en intégrant de nouveaux membres comme la Biélorussie, étend ainsi son empreinte sans recourir à l’expansion militaire. Elle se positionne comme un cadre de dialogue et de coordination, en contraste avec une OTAN perçue comme rigide et fragmentée.
Développement intégré, influence assumée
L’OCS ne se limite pas à la sécurité : elle s’inscrit dans une stratégie plus large de développement économique et d’intégration régionale. Plusieurs de ses membres -la Chine, la Russie et l’Iran- sont également membres des BRICS, la structure économique émergente la plus influente du Sud Global. Le Forum économique de Saint-Pétersbourg a récemment acté une accélération de la dédollarisation et des investissements dans les infrastructures eurasiatiques.
L’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie, soutenue par les membres de l’OCS, tisse un réseau logistique et industriel qui relie l’Asie à l’Europe. La Russie, de son côté, localise la production de technologies stratégiques, comme les drones iraniens, renforçant ainsi l’autonomie du bloc.
Ce maillage économique s’accompagne d’un discours politique structuré. À Qingdao, le ministre chinois Dong Jun a dénoncé « l’unilatéralisme » et appelé à « préserver un environnement pacifique pour le développement ». Ce récit, bien que contesté, séduit de nombreux pays du Sud global en quête d’alternatives aux institutions dominées par l’Occident.
Une rencontre tripartite à haute portée symbolique
Qingdao, 26 juin 2025 – Le ministre chinois de la Défense Dong Jun a accueilli ses homologues russe Andreï Belooussov et iranien Aziz Nasirzadeh dans le cadre de la réunion de l’OCS. Cette rencontre, organisée dans la base navale de Qingdao, intervient deux jours après un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, et au lendemain du sommet de l’OTAN à La Haye.
Les trois ministres ont affiché une convergence stratégique autour d’un discours commun : rejet de l’hégémonie occidentale, appel à un ordre multipolaire, et volonté de renforcer la coopération régionale. Pour Dong Jun, « les actes dominateurs sapent la stabilité mondiale », tandis que Belooussov a salué des relations sino-russes à un « niveau sans précédent ».