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QiuJu Song/shutterstock
Énergies

Les corridors énergétiques de l’Organisation de coopération de Shanghai

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Mise à jour le 10 juin 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Chine Russie Énergie Asie

L’aspect sécuritaire est à l’origine de l’OCS. Le néo-forum de Shanghai entend dès sa création combattre les trois fléaux régionaux que sont le terrorisme, le séparatisme  et l’extrémisme au début des années 2000. Mais une fois l’ataraxie relativement retrouvée, que faire des rapprochements opérés ?

Le territoire de l’OCS recouvre environ ¼ des réserves connues de pétrole, près de la moitié de celles de gaz naturel et de charbon, et 30 % de l’uranium mondial. Ainsi, au sein de l’OCS a été créé le « Club de l’énergie », un organe non-décisionnaire peu connu et qui est pourtant un acteur quasi-incontournable des politiques énergétiques asiatiques.

L’OCS à la source de consensus

L’idée d’établir un « Club de l’énergie » au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) aurait été initiée en décembre 2005 par Gulnara Karimova, fille du président ouzbek. Dès 2007, l’OCS officialise cette proposition, faisant du « Club de l’énergie » un organe juxta-souverain ayant pour objectif de coordonner les politiques énergétiques des États membres, d’optimiser l’utilisation des ressources et de promouvoir le développement des infrastructures dans ce secteur stratégique.

Cependant, des désaccords stratégiques mettent rapidement le Club à l’épreuve. Pour garantir sa sécurité énergétique, la Chine s’efforce de diversifier ses sources et d’accroître les flux, remettant en cause l’hégémonie des géants russes. La Russie, de son côté, utilise l’OCS pour défendre les intérêts de ses entreprises énergétiques. Les désaccords sont donc palpables. Mais, malgré les dissensions, un consensus existe sur l’une de ses principales tâches, à savoir constituer un lieu d’information et de discussions. Ce qui confère au Club un rôle de modérateur informel des politiques énergétiques des États membres de l’Organisation.

Le Club peut être perçu comme une structure regroupant quatre pays producteurs et six pays consommateurs et, par ses promoteurs, comme un système énergétique autosuffisant, ce qui le distingue de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). En effet, lors de sa création, l’OPEP rassemblait des pays producteurs-exportateurs déterminés à défendre leurs intérêts face aux multinationales pétrolières, notamment en instaurant une politique commune durant la chute des prix du baril pour garantir des revenus stables. À l’inverse, le Club se positionne comme une plateforme intégrée, combinant production, consommation et logistique, tout en servant de forum d’échange stratégique entre ses membres hétérogènes.

Le développement des voies de transport

Les pays membres ont réussi à faire de l’OCS un instrument de captation des hydrocarbures centrasiatiques : « Pour Pékin, l’Asie centrale joue le triple rôle de source d’approvisionnement en hydrocarbures, de lieu de transit vers le Moyen-Orient et l’Europe (pipelines et liaisons ferroviaires) et de vecteur de développement régional notamment pour le Xinjiang » [1]. La configuration géographique des zones frontalières, marquée par les massifs de l’Altaï au nord et du Tian Shan au sud, constitue un défi majeur pour le déploiement des axes logistiques vers l’Asie centrale. Ce relief accidenté impose à la Chine un engagement technologique sans précédent. L’OCS permet en ce sens d’amoindrir les coûts chinois, grâce aux coopérations et à la prise de conscience de l’intérêt qu’il y a à aller vers la Chine.

Le « Club de l’énergie » vise également des objectifs ambitieux, tels que le développement d’un modèle intégré d’échange « eau-électricité-gaz » et l’établissement d’un marché unifié des hydrocarbures au sein de l’Organisation, s’appuyant sur le réseau de pipelines existant. Les projets abondent, notamment dans le raffinage pétrolier et la valorisation du gaz, avec des investissements directs chinois en Russie et en Asie centrale.

L’E40 est la plus longue route européenne reliant Calais à Ridder à l’ouest du Kazakhstan. Via des financements conjoints des États membres de l’OCS, les tronçons ouzbeks, russes et kazakhs ont été modernisés. Depuis 2010, des discussions ont lieu à propos de la création d’une Banque de développement en propre, mais les États membres ne sont pas encore tombés d’accord. Cela ne signifie pas pour autant que des coopérations entre membres de l’OCS n’existent pas, à l’image de l’accord passé entre le Kazakhstan et la Chine pour augmenter la capacité de l’oléoduc Atasu-Alashankou.

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