Le pays étudie avec attention une proposition du conglomérat THACO qui porte sur une ligne à grande vitesse de plus de 1 500 km entre Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. L’objectif serrait de fluidifier les déplacements entre les deux principales métropoles du pays, aujourd’hui saturées par les flux routiers (autoroute AH1) et aériens (plus de 100 vols quotidiens). Avec un trajet ramené à moins de cinq heures, ce TGV pourrait transporter jusqu’à dix millions de passagers par an d’ici à 2040, tout en réduisant la pression sur les infrastructures existantes.
Un TGV structurant pour unifier le territoire
Mais au-delà de la vitesse, c’est le potentiel de transformation territoriale qui retient l’attention. Le tracé traverserait les régions centrales – Da Nang, Nha Trang, Phan Thiết –, souvent marginalisées par la dynamique Nord-Sud. En y implantant des gares multimodales, le projet entend catalyser investissements, tourisme et emploi local. Il s’agirait d’un outil de rééquilibrage du développement, à condition de l’intégrer pleinement dans les politiques d’aménagement du territoire.
Sur le plan environnemental, le TGV offre une réponse crédible à l’enjeu climatique. Le transport représente 18 % des émissions de CO₂ du pays. En substituant partiellement les déplacements aériens et routiers, le train permettrait d’éviter environ 500 000 tonnes de CO₂ par an. Une contribution majeure pour un pays vulnérable au dérèglement climatique, engagé vers la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Un axe stratégique vers la frontière chinoise
En parallèle, un second projet ferroviaire vise à relier Lào Cai, à la frontière chinoise, à Hanoï et au port de Hải Phòng. Cette ligne longue de près de 400 km représente un investissement estimé à plus de 8 milliards de dollars. Son lancement est prévu d’ici fin 2025. Elle permettra de fluidifier les échanges de marchandises entre l’intérieur du pays et les marchés d’exportation, dans un contexte où le transport routier reste dominant.
L’élément clé réside dans le choix d’une voie standard (1,435 mm), rompant avec le réseau à voie métrique hérité de la colonisation. Cette modernisation assure l’interopérabilité avec le réseau chinois, tout en renforçant l’insertion du Vietnam dans les chaînes d’approvisionnement régionales. La ligne devient ainsi un levier logistique, mais aussi un marqueur géopolitique, dans un contexte d’intensification des échanges transfrontaliers.
Voie métrique vs voie standard : quelle différence ?
Historiquement, le Vietnam dispose d’un réseau à voie métrique (écartement de 1 000 mm), hérité de la période coloniale. Cela limite la vitesse, la capacité de charge et l’interopérabilité. Le passage à la voie standard (1 435 mm), utilisée dans la plupart des pays développés, permet d’accueillir des trains plus rapides et plus lourds, et de connecter plus facilement les réseaux nationaux entre eux – notamment avec la Chine, déjà équipée à ce standard.