Les élections du 20 juillet ont vu le parti Sanseitō, classé à l’extrême droite, passer de 1 à 14 sièges à la Chambre haute. Ce succès, bien que limité en sièges, traduit la crispation identitaire qui monte dans le pays.
Une société sous tension
Le discours de ce parti, centré sur la fierté ethnique, la méfiance envers l’immigration et la glorification du passé impérial, séduit une partie de la jeunesse masculine. Il s’inscrit dans un climat de défiance vis-à-vis de la Chine communiste, perçue comme une menace existentielle.
Le Parti libéral-démocrate (PLD), affaibli par des scandales et la hausse des prix, a perdu sa majorité parlementaire. Cette recomposition ouvre la voie à un Parlement plus pluraliste en apparence, mais aussi plus perméable aux discours nationalistes. Tous les partis restent attachés à la protection sociale, mais les clivages se durcissent sur les questions de défense et de souveraineté.
Un nationalisme utile à Washington
Quelques jours après les élections, le Japon a signé un accord commercial avec les États-Unis, s’engageant à investir 550 milliards de dollars dans l’économie américaine. En échange, Washington impose des droits de douane supplémentaires sur les exportations japonaises. Derrière cet accord asymétrique se profile une stratégie plus large : contenir la Chine en s’appuyant sur un Japon loyal, mais de plus en plus militarisé.
Le nationalisme japonais, notamment dans sa version anti-chinoise, devient ainsi un outil géopolitique pour les États-Unis. Il justifie leur présence militaire en Asie et alimente une rhétorique de confrontation. Ce jeu dangereux, où le Japon est à la fois acteur et instrument, pourrait raviver les tensions régionales. La peur d’un Japon remilitarisé, toujours vive en Chine et en Corée, est exploitée pour maintenir l’ordre stratégique voulu par Washington.
Le retour d’un nationalisme à double tranchant
Le nationalisme japonais actuel ne se limite pas à une nostalgie impériale. Il s’ancre dans une opposition frontale à la Chine communiste, nourrie par des récits historiques révisionnistes et des discours identitaires. Ce nationalisme est encouragé, voire orchestré, par certaines élites occidentales qui y voient un levier contre Pékin. Mais il comporte des risques : en réveillant les fantômes du passé, il fragilise la stabilité régionale et alimente une logique de blocs. Le Japon, pris entre sa mémoire, ses alliances et ses ambitions, avance sur une ligne de crête.