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Économie

La Chine, bien plus qu’un atelier du monde

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Mise à jour le 10 juin 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Chine BRICS

Face aux tensions commerciales, Pékin ne vacille pas. Moins dépendante des exportations qu’on ne le croit, dotée d’une industrie puissante, d’un marché intérieur colossal et d’un État stratège, la Chine avance sur la voie de l’autonomie.

Un basculement structurel qui pourrait redéfinir les hiérarchies économiques mondiales.

Un mythe occidental : la Chine ultra-exportatrice

La Chine est-elle vraiment cette économie accrochée à ses exportations, vulnérable aux droits de douane  ? Pas vraiment. En réalité, les ventes à l’étranger ne représentent que 19,7 % du PIB chinois, soit trois fois moins qu’en Allemagne (47 %) ou en Corée du Sud (44 %).

Encore plus révélateur : les exportations vers les États-Unis, épicentre du bras de fer commercial, ne comptent que pour 2,5 % du PIB chinois. C’est un mythe tenace qui s’effondre face aux chiffres.

Derrière cette confusion, une erreur fréquente : confondre volume d’exportation en valeur absolue avec dépendance structurelle. Or, la Chine a su développer une économie intégrée, où les chaînes de valeur nationales prennent de plus en plus le relais de la demande mondiale.

Une puissance publique planificatrice

Le moteur chinois n’est pas seulement économique, il est aussi institutionnel. L’État joue un rôle central, non comme gestionnaire omniprésent, mais comme stratège. Il planifie, anticipe, investit. C’est lui qui pilote les grands axes de développement industriel, technologique et social.

En témoignent les récentes mesures : une hausse des retraites de 5,8 %, le développement de crèches subventionnées, et l’assouplissement du crédit à la consommation. Un fonds public de 300 milliards de yuans — soit environ 42 milliards de dollars — a été mis en place pour stimuler les achats de biens durables, notamment dans l’électroménager et l’automobile. Cette capacité d’intervention rapide, ciblée et massive constitue un levier que peu d’économies peuvent mobiliser aussi efficacement.

Le pivot chinois est clair : faire de la consommation domestique le principal moteur de croissance. Et le potentiel est immense. Le PIB par habitant est aujourd’hui de 13 000 dollars, contre plus de 80 000 dollars aux États-Unis — un écart qui fait de la montée en puissance intérieure une réserve de croissance quasi illimitée.

En parallèle, les salaires urbains ont triplé entre 2010 et 2023, passant de 36 539 yuans (environ 5 000 dollars) à 120 698 yuans (≈ 17 000 dollars). Et 85 % des entreprises exportatrices réalisent déjà 75 % de leur chiffre d’affaires sur le marché intérieur.

Ajoutez à cela une diversification géographique des débouchés : les exportations vers les États-Unis ont chuté de 19,2 % à 14,7 % en cinq ans, au profit de l’ASEAN (16,4 %) et des pays de la Ceinture et la Route (47,8 %). Loin de subir la guerre commerciale, la Chine semble l’avoir anticipée – et transformée en opportunité.

Valeur absolue vs. part du PIB
Exportations (% du PIB) Valeur absolue ($)
Chine 19,7 % ≈ 3 800 Md$
Allemagne 47,1 % ≈ 1 900 Md$
Corée du Sud 44,0 % ≈ 700 Md$
La Chine exporte beaucoup en valeur absolue, mais son économie est bien plus large. En proportion, elle est moins dépendante que nombre de pays dits industrialisés.
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