L’Arménie n’est pas un simple petit État coincé entre empires. Elle est au cœur d’un affrontement géopolitique entre deux visions du monde.
L’Arménie, cible du chaos ou pont de l’Eurasie ?
D’un côté, celle d’une Eurasie multipolaire, structurée autour de coopérations régionales, du respect des souverainetés et de corridors économiques comme l’axe Nord-Sud. De l’autre, une stratégie du chaos délibérément entretenue par certaines puissances extérieures, pour empêcher l’émergence d’un bloc autonome entre l’Europe, la Russie, l’Iran et l’Asie.
Ce chaos prend la forme d’une instabilité entretenue : conflit en Ukraine, pressions militaires sur la Syrie, tension permanente dans le Caucase. Erevan, en première ligne, est fragilisé par les offensives azéries soutenues par la Turquie et Israël.
L’objectif ? Casser toute dynamique régionale stable en forçant un corridor sous domination turco-israélienne à travers le Syunik, autour du détroit de Zangezur.
L’OCS comme refuge stratégique
Face à cette pression, l’Arménie reconfigure ses alliances. Tout en se rapprochant de l’Union européenne – elle a ratifié en janvier 2025 un cadre d’association renforcée – elle confirme en juillet sa volonté de rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai. Car c’est là que se dessine, malgré les difficultés, un projet cohérent de sécurité collective eurasienne.
L’OTSC, c’est quoi ?
L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), créée en 2002, regroupe la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Elle repose sur un engagement de défense collective similaire à celui de l’OTAN. Mais son efficacité est contestée, notamment en Arménie, après ses non-interventions face aux attaques azéries. Erevan a gelé sa participation en 2023, tout en restant formellement membre.
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Contrairement aux apparences, la Russie ne joue pas contre Erevan. Si elle est absorbée sur d’autres fronts, elle reste un membre influent de l’OCS et continue de voir dans l’Arménie un partenaire stratégique. Quant à l’Iran, accaparé par la réponse à l’agression israélienne, il demeure un voisin crucial, engagé dans la construction du corridor Nord-Sud.
Ce corridor pourrait offrir à l’Arménie une opportunité économique majeure – à condition que sa souveraineté soit respectée.
Ainsi, l’OCS devient pour Erevan un forum d’équilibre, face à l’échec perçu de l’OTSC et à l’hostilité croissante du couple Ankara-Bakou. C’est aussi un espace politique alternatif à l’ordre unipolaire, que les guerres périphériques cherchent à préserver par la fragmentation du continent eurasiatique.
L’Arménie frappe à la porte de l’OCS
Le 16 juillet 2025, l’Arménie a officiellement demandé son adhésion à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ce tournant stratégique marque sa volonté de rejoindre un cadre régional de sécurité fondé sur la coopération multipolaire, aux côtés de la Russie, de la Chine, de l’Iran et de l’Inde.
Face à l’échec de l’OTSC et aux menaces azéries, Erevan cherche à s’ancrer dans un espace capable de garantir sa souveraineté et de soutenir son développement, notamment via le corridor Nord-Sud.