Au programme : les échanges économiques, la coopération en matière de sécurité, de lutte contre le réchauffement climatique et les échanges culturels. Les conclusions de leurs discussions ne sont pas anecdotiques.
Un sommet sous les radars, une ambition claire
L’objectif affiché était de passer du « concept de coopération » à la réalité, à la mise en pratique. Et il faut dire que la Déclaration conjointe publiée au sortir du sommet ne manque pas d’ambition.
Dans le domaine économique, les trois parties ont convenu de renforcer leur collaboration dans tous les domaines avec, en priorité, la protection des chaînes d’approvisionnement industrielles. Ce n’est pas une mince affaire puisque le PIB combiné du CCG, de l’ASEAN et de la Chine dépasse 24 000 milliards de dollars, soit plus de 22 % du PIB mondial, avec une croissance annuelle prévue entre 4 et 6 % jusqu’en 2030.
Sur le plan de la défense, les 18 pays appellent tous les belligérants impliqués dans des conflits au Moyen-Orient à respecter le droit international et à préserver les civils. Mais plus qu’un simple refus de la guerre, c’est la construction de la paix dans la région qui est au cœur de la déclaration. Cela passe notamment par le volet culturel, avec la volonté d’étendre très largement les échanges. Concrètement, la Chine a décidé d’exempter de visas tous les États membres du CCG.
Ni « logique de blocs », ni « choc des civilisations ». Il s’agit à l’inverse de « transformer les différences de traditions culturelles et de stades de développement en puissants moteurs de coopération » note le Premier ministre chinois, Li Qiang.
Vers un « triangle d’or » ?
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C’est l’expression utilisée depuis quelques jours. Ce « triangle d’or » se baserait sur le CCG avec ses réserves énergétiques ; sur la puissance industrielle de l’ASEAN et son marché de consommation émergent de près de 700 millions de personnes ; et sur la puissance industrielle, l’innovation technologique et l’expertise de la Chine en matière de construction d’infrastructures.
Le train à grande vitesse Jakarta-Bandung est un bon exemple de ces coopérations. Construit intégralement avec des systèmes et des composants chinois, il incarne une forme d’industrialisation accélérée par le transfert de savoir-faire et la mutualisation des investissements. Avec plus de neuf millions de passagers transportés en moins de deux ans, il s’agit non seulement d’un succès technique, mais aussi d’une démonstration de la capacité de ces coopérations à répondre aux besoins des populations.
La nouvelle coopération Chine-ASEAN-CCG ne se limite pas à une logique commerciale. Elle veut créer un écosystème industriel capable de résister dans la durée, en réponse à l’instabilité des marchés mondiaux et aux pressions protectionnistes venues d’Occident. L’annonce de la finalisation de la version 3.0 de la zone de libre-échange Chine-ASEAN et la relance des négociations pour un accord Chine-CCG s’inscrivent dans cette dynamique.
De son côté, la France indique, dans une note publiée par la Direction générale du Trésor, que « Le sommet a été marqué par l’annonce d’un soutien collectif à l’adhésion du Timor oriental à l’ASEAN d’ici octobre 2025 et par la proposition d’un mécanisme informel pour relancer les négociations sur la crise en Birmanie ».