Réunis en urgence à Séoul dimanche 30 mars, les ministres du Commerce ou de l’Industrie des trois puissances asiatiques ont affiché leur volonté d’« accélérer » les discussions vers un accord de libre-échange trilatéral « complet et équitable ».
Une réponse commune à l’unilatéralisme américain
Depuis mi-mars, Washington a rétabli des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, et s’apprête à imposer une surtaxe équivalente sur les automobiles importées à compter du 2 avril.
Dans un communiqué commun, les trois pays disent vouloir offrir aux entreprises un environnement stable, prévisible et non discriminatoire. Une manière à peine voilée de critiquer les revirements incessants des États-Unis, dont la politique commerciale semble désormais guidée par des priorités électorales et industrielles à court terme. À eux trois, Pékin, Tokyo et Séoul pèsent un quart de l’économie mondiale et représentent 20 % du commerce international.
Vers un pôle économique autonome en Asie de l’Est ?
Le projet d’accord de libre-échange entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud n’est pas nouveau. Lancé en 2013, il avait été mis en sommeil à partir de 2019 en raison de tensions historiques et stratégiques. Sa relance en 2024, lors d’un sommet tripartite à Séoul, prenait déjà acte de la montée des incertitudes globales. L’offensive douanière américaine agit aujourd’hui comme un catalyseur.
Les trois pays affichent aussi leur volonté de réformer l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de renforcer le Partenariat économique régional global (RCEP), vaste zone de libre-échange dominée par la Chine, lancée en 2020. Il s’agit de réorganiser l’architecture commerciale asiatique autour de règles communes et d’un multilatéralisme régional, en réponse aux politiques jugées instables de l’Occident.
Au-delà des droits de douane, les discussions portent sur des sujets stratégiques : sécurité des chaînes d’approvisionnement, coordination des contrôles à l’exportation, accès aux marchés technologiques. Si les intérêts des trois capitales ne convergent pas toujours, la conjoncture pousse à l’unité. Tokyo et Séoul, longtemps alignés sur Washington, pourraient désormais miser sur un équilibre diplomatique plus souple.
Chine, Japon et Corée du Sud :
— 1,6 milliard d’habitants
— 25 % du PIB mondial (PPA)
— 20 % du commerce mondial
— 3 grandes puissances exportatrices dans l’automobile, l’électronique et l’acier
— 2013 : début des négociations pour un accord de libre-échange trilatéral
— 2019 : gel des discussions
— 2020 : dernière réunion ministérielle tripartite avant celle du 30 mars 2025
— 2024 : reprise des négociations lors d’un sommet exceptionnel à Séoul
— Acier et aluminium : 25 % depuis mars 2025
— Automobiles importées : surtaxe de 25 % prévue à partir du 2 avril
— Chine : droits de douane sur l’ensemble des exportations (20 %)
— Menace de nouvelles mesures « réciproques » annoncées par Washington