Le TIAN a été adopté à l’ONU le 7 juillet 2017, par 122 pays sur 192. L’adoption de ce traité est une étape fondamentale pour interdire les armes nucléaires ; en effet, le Traité de Non-Prolifération, plus ancien, laisse un « privilège » à cinq états (USA, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et n’a pas empêché quatre États de se doter de l’arme (Inde, Pakistan, Israël, Corée du Nord).
L’organisation mondiale ICAN (campagne Internationale pour abolir les armes nucléaires) s’est vu attribuer le prix Nobel de la Paix en 2017, reconnaissance des efforts engagés depuis de nombreuses années pour aboutir au traité.
Un grand meeting
Ni la France, ni les autres états possesseurs de la bombe, ne semblent enclins à ratifier ce traité.
Depuis 2017, ICAN et le Mouvement de la Paix ne ménagent pas leurs efforts pour obtenir une évolution de la position de la France. ICAN a mobilisé un réseau de parlementaires ainsi qu’un réseau de collectivités, appelant à sa signature. Ce 22 janvier 2025, le TIAN a fêté le quatrième anniversaire de son entrée en vigueur.
Ce traité compte actuellement 73 États parties, ainsi que 25 autres États signataires et qui ont engagé le processus de ratification :
- Dernier signataire : les Îles Salomon, 26 septembre 2024 ;
- Dernières ratifications : Indonésie, Sierra Leone et les Îles Salomon, 26 septembre 2024.
C’est dans ce contexte que l’organisation japonaise Nihon Hidankyo a reçu le prix Nobel de la paix 2024 pour ses actions de reconnaissance des survivants des bombardements atomiques et pour sa lutte contre les armes nucléaires. Nihon Hidankyo est un mouvement populaire fondée le 10 août 1956, lors de la 2ᵉ Conférence mondiale contre les bombes A et H et composé de survivants japonais des bombardements atomiques.
Une délégation japonaise est venue en France pour informer et alerter la population sur les dangers des bombes atomiques.
La délégation était notamment composée de Shigemitsu Tanaka, vice-Président de Nihon Hidankyo, Toshiaki Ishikawa, vice-président de Zenronen (organisation syndicale japonaise partenaire de la CGT) et de Yayoi Tsuchida, vice-Secrétaire générale de Gensuikyo (Mouvement de la Paix japonais).
Après une visite au siège du Mouvement de la Paix, la CGT a reçu les prix Nobel de la paix 2024 dans ses locaux de Montreuil. Plus de 300 spectateurs sont venus assister au meeting. Preuve de l’importance du sujet, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a introduit la soirée, en rappelant l’importance du pacifisme dans l’histoire de la CGT et la nécessité du désarmement.
Le souvenir de Nagasaki
Boris Plazzi, secrétaire confédéral, a longuement développé les raisons de l’appui de la CGT aux organisations japonaises, le souci de commémorer le 80ᵉ anniversaire des bombardements atomiques à Hiroshima et Nagasaki en août 2025.
Monsieur Tanaka, survivant du bombardement atomique de Nagasaki, est revenu sur ce qui s’est passé le 9 août 1945, lorsqu’il jouait avec son grand-père ; les conséquences de la bombe ont été sources de nombreuses maladies, outre les dizaines de milliers de morts ; la prégnance de maladies transmissibles sur plusieurs générations est bien réelle. Il a alerté sur les risques encore présents d’utilisation de la bombe atomique, et a appelé à un monde militairement dénucléarisé.
Madame Tsuchida est allée dans le même sens à l’heure où le Japon se trouve sur une pente pour le moins belliciste. Le Mouvement de la paix japonais, Gensuikyo, est un acteur populaire pour conserver un cap pacifiste, compte tenu notamment de ce qu’a vécu le Japon en 1945.
Monsieur Ishikawa a évoqué le rôle de son syndicat dans la lutte, l’engagement contre les armes nucléaires et la nécessité de préserver les générations futures de ce danger.
Roland Nivet, porte-parole national du Mouvement de la Paix, est revenu sur l’implication constante du Mouvement contre la bombe atomique, ainsi que les initiatives engagées pour lutter contre les armes nucléaires.
Le message d’alerte de la délégation japonaise a été largement entendu dans la salle. L’initiative conjointe CGT/Mouvement de la Paix est à saluer, malheureusement peu relayée dans la presse. Le lendemain, la délégation japonaise était à l’Assemblée nationale à l’invitation du député communiste Jean-Paul Lecoq.
Après des conférences en Bretagne à Rennes et Saint-Malo, la délégation s’est rendue dimanche 26 janvier sur la presqu’île de Crozon, face à la base des sous-marins nucléaires de l’île Longue, en présence de 300 participants ; l’occasion pour la CGT et le Mouvement de la Paix de lancer sur les réseaux sociaux mondiaux un appel mondial pour l’élimination totale des armes nucléaires.
Nous, citoyennes et citoyens de tous pays, constatons que « les armes nucléaires sont illégales, dangereuses, coûteuses et immorales et que leur élimination est prévue par le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) et par le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) entré en vigueur le 22 janvier 2021.
Nous, citoyennes et citoyens de tous pays, exigeons de tous les États du monde qu’ils mettent réellement et sans délai tout en œuvre dans le respect des traités précités pour réaliser l’élimination totale des armes nucléaires, armes d’épouvante et d’extermination massive des populations, voire d’anéantissement de toute vie sur Terre.
Nous exigeons que toutes les ressources gaspillées pour ces armes soient utilisées pour le bien-être de l’humanité, pour la lutte contre le réchauffement climatique, pour la protection de notre planète commune et la construction d’un monde de paix basé sur la justice, la solidarité et la coopération. »