Depuis Bruxelles, les diplomates affirment qu’aucun pays n’est exempté, même si le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a semé le trouble en assurant avoir obtenu un compromis pour son pays. Dans une allocution télévisée, il a revendiqué une « non-participation » à cet objectif, qualifiant le seuil de 5 % de « disproportionné et inutile ». Madrid a en réalité simplement réussi à décaler l’échéance à 2035, au lieu de 2032.
Opposition espagnole
Le contenu de l’accord vise à fixer 3,5 % du PIB pour les dépenses militaires directes et également 1,5 % pour la « sécurité » au sens large. Derrière ces chiffres, c’est l’équivalent de plusieurs centaines de milliards d’euros que les pays européens vont détourner de leurs besoins sociaux, climatiques ou éducatifs, au profit des arsenaux. Pour la France, par exemple, atteindre ce seuil reviendrait à doubler le budget de la Défense actuel, déjà en hausse constante.
Pedro Sánchez n’a pas mâché ses mots sur cette hausse, déclarant alors respecter « les choix de [ses] partenaires, mais que l’Espagne n’ira pas dans cette direction. » Selon lui, les 2,1 % déjà investis suffisent à honorer les engagements espagnols en troupes et en matériel. Son opposition, exprimée dès jeudi dans un courrier au secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, a suscité des négociations de dernière minute. Sous la pression, Madrid a finalement reculé.
En coulisses, cette décision est perçue comme une victoire de Donald Trump, qui voit l’ensemble des atlantistes se plier volontairement aux règles de Washington. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président américain a durci le ton, poussant « les Alliés » à « payer leur part », sous peine de ne plus bénéficier de la « protection » des États-Unis.