Après plusieurs tentatives d’achat avortées, les Américains n’ont jamais abandonné l’idée de renforcer leur influence sur l’île.
Une vieille lune américaine
L’intérêt des États-Unis pour le Groenland remonte au XIXe siècle. En 1867, William Seward, alors secrétaire d’État, envisage son achat après avoir acquis l’Alaska auprès de la Russie. L’idée est simple : étendre l’influence américaine sur l’Arctique et dissuader le Canada de se tourner vers le Royaume-Uni.
En 1946, les Américains reviennent à la charge avec une offre à 100 millions de dollars faite au Danemark, refusée catégoriquement. Pourtant, la Guerre froide renforce encore l’importance stratégique du Groenland : les États-Unis y installent des bases militaires, comme celle de Thulé, afin de surveiller les mouvements soviétiques dans l’Arctique.
Plus récemment, en 2019, Donald Trump fait sensation en proposant de racheter l’île, comparant cette acquisition à une « transaction immobilière ». La proposition suscite des moqueries et une indignation internationale. Pourtant, l’idée n’a rien d’anecdotique. En 2024, Trump évoque de nouveau le sujet, affirmant que les États-Unis pourraient cette fois recourir à la force pour garantir leur contrôle sur la région.
Une mine à ciel ouvert
Le Groenland ne vaut pas seulement par sa position stratégique. L’île regorge de terres rares, essentielles pour l’industrie des technologies vertes et militaires. Avec des réserves de pétrole estimées à 110 milliards de barils, du gaz naturel, de l’uranium et de l’or, le territoire est une mine à ciel ouvert pour les grandes puissances.
Face à cette richesse potentielle, la Chine et la Russie multiplient leurs investissements et leur présence en Arctique. Washington voit cette progression d’un très mauvais œil. Dans cette nouvelle guerre froide polaire, le Groenland est devenu un bastion clé pour les États-Unis, déterminés à barrer la route à leurs rivaux.
Si le Danemark et le gouvernement local groenlandais ont toujours fermé la porte à une vente, ils acceptent toutefois une coopération économique avec les États-Unis. L’île, qui peut déclarer son indépendance par référendum, pourrait un jour jouer sa propre carte sur l’échiquier mondial.
À lire aussi : Les océans n’en finissent pas de se réchauffer
La base de Thulé, située au nord-ouest du Groenland, est un poste militaire clé des États-Unis depuis 1951. Initialement conçue pour surveiller l’Union soviétique, elle reste aujourd’hui un élément central du système de défense antimissile américain. Cette installation abrite un radar stratégique permettant de détecter les missiles intercontinentaux.
En 2023, la base a été renommée Pituffik Space Base, soulignant son rôle croissant dans la surveillance spatiale et l’espionnage des satellites adverses. Washington y teste également des technologies liées à la guerre électronique et aux communications militaires.
Avec la fonte des glaces et l’ouverture de nouvelles routes maritimes, cette base est devenue encore plus importante pour le Pentagone, qui craint l’influence grandissante de la Russie et de la Chine dans l’Arctique.