L’attaque israélo-américaine contre les dirigeants iraniens visait à décapiter l’État. Ce fut un échec. Loin de s’effondrer, l’Iran a resserré ses rangs, renforcé sa défense aérienne et consolidé son appareil sécuritaire. Mais la guerre ne s’est pas arrêtée là. Elle a simplement changé de forme.
Les séparatismes comme arme stratégique
Depuis, les provinces périphériques iraniennes sont en feu. À l’est, dans le Sistan-et-Baloutchistan, des groupes armés baloutches, comme Jaish al-Adl, multiplient les attaques contre les forces iraniennes. À l’ouest, dans le Kurdistan iranien, des factions séparatistes kurdes, soutenues depuis l’Irak, frappent les infrastructures militaires. Ces groupes, qualifiés de terroristes par Téhéran, sont soupçonnés d’être alimentés en armes, renseignements et logistique par des puissances étrangères.
Washington et Tel-Aviv, en échec sur le front militaire classique, misent désormais sur une guerre asymétrique, visant à épuiser l’Iran de l’intérieur. L’objectif : créer un climat d’instabilité permanent, forcer Téhéran à disperser ses forces, et ouvrir la voie à un effondrement progressif du pouvoir central.
Le Caucase et la Chine dans la ligne de mire
Mais cette stratégie de fragmentation ne s’arrête pas aux frontières iraniennes. Le Caucase devient un nouveau front. L’Azerbaïdjan, allié d’Israël et de la Turquie, multiplie les pressions sur l’Arménie pour ouvrir le corridor de Zanguezour, axe concurrent du Corridor Nord-Sud qui relie l’Inde à la Russie via l’Iran. Ce projet vise à court-circuiter les routes stratégiques iraniennes et à affaiblir l’intégration eurasiatique.
La Russie voit son flanc sud menacé. Quant à la Chine, ses projets d’infrastructure au Pakistan (CPEC) sont régulièrement attaqués par les mêmes groupes baloutches actifs en Iran. Le message est clair : toute tentative d’émergence d’un ordre multipolaire sera sabotée.
Ce n’est plus une guerre régionale. C’est une guerre globale contre l’Eurasie, menée par des proxies, des corridors et des sabotages ciblés. L’Iran, en première ligne, est devenu le laboratoire de cette nouvelle forme de conflit.
Le Corridor Nord-Sud, enjeu stratégique
Le Corridor International de Transport Nord-Sud (INSTC) est un axe logistique de 7 200 km reliant l’Inde à la Russie via l’Iran. Il permet de contourner le canal de Suez, réduit les délais de transport de 40 %, et échappe au contrôle naval occidental. Son développement est perçu comme une menace directe par les États-Unis et leurs alliés.