La victoire de Donald Trump, bien qu’indéniable, ne saurait masquer l’échec cinglant de la campagne de Kamala Harris. Trump remporte certes une majorité des suffrages, mais perd 2 millions de voix par rapport à 2020, tandis que Kamala Harris en perd 14 millions, un recul massif qui témoigne du désaveu des électeurs envers les démocrates.
Une inflation vertigineuse : près de 20 %
Dire que les politiques américaines ne répondent plus aux besoins élémentaires est un euphémisme : le quotidien des travailleurs américains est empoisonné par l’absence de soins de santé accessibles et de protection sociale. 60 % des Américains vivent au jour le jour, luttant pour joindre les deux bouts, tandis que les salaires stagnent depuis des décennies, n’ayant pas augmenté en termes réels depuis 50 ans. Jamais l’inégalité des revenus et des richesses n’a été aussi criante.
Les États-Unis restent l’unique nation riche à ne pas garantir un accès universel aux soins de santé, pourtant considéré ailleurs comme un droit fondamental. Les médicaments prescrits coûtent en moyenne plus cher qu’ailleurs, et pour beaucoup, se soigner représente un véritable gouffre financier. À cela s’ajoute l’absence de garanties pour les congés familiaux et médicaux, laissant les familles américaines désarmées face aux aléas de la vie.
Difficile d’imaginer le quotidien de millions d’Américains dans ce contexte : la classe moyenne s’effrite, la classe ouvrière s’appauvrit, et l’inflation atteint des niveaux records, inédits depuis les années 1970. Avec un pic à 18 %, elle demeure autour de 8 %, frappant de plein fouet les familles qui peinent déjà à survivre.
C’est dans ce contexte de désillusion et de colère sociale que Donald Trump devient le 47ᵉ président des États-Unis. Les instituts de sondage prédisaient une victoire démocrate, mais se sont heurtés à la réalité brutale de la vie quotidienne des Américains, une réalité que la presse internationale tente, parfois, de minimiser.
Bernie Sanders a ainsi mis le doigt sur le cœur du problème en déclarant qu’on « ne vainc pas l’extrême droite avec la morale, et encore moins avec un programme qui tourne le dos aux besoins sociaux du plus grand nombre ». En effet, la campagne démocrate a semblé hors-sol, déconnectée des préoccupations essentielles de la population, tandis que les républicains ont capitalisé sur cette désaffection.
« L’heure est au sursaut des peuples »
Sanders a également ajouté : « Il ne faut pas s’étonner que le parti démocrate, qui a abandonné la classe ouvrière, se rende compte que la classe ouvrière l’a abandonné. » Cette leçon, qui résonne au-delà des frontières américaines, trouve un écho particulier dans notre propre pays. Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, voit dans l’élection de Trump un avertissement clair : « L’heure n’est pas aux lamentations. L’heure est au sursaut des peuples. Nous devons apporter des réponses fortes et crédibles aux colères populaires… À défaut, comme aux États-Unis, c’est l’extrême droite qui captera et instrumentalisera ces justes colères. »
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Conflit Ukraine Russie : Le coût de la guerre à l’heure de l’austéritéLe contraste entre Trump et Harris s’illustre particulièrement dans leur stratégie de communication : Trump a axé son discours sur la nation américaine dans son ensemble, en opposant le « nous » aux « autres », délimitant ainsi un ennemi commun aux yeux de ses partisans. Harris, quant à elle, a orienté son discours vers des communautés spécifiques – LGBT, hispaniques, afro-américaines, etc. – tout en tentant d’attirer les modérés républicains. Mais une telle approche s’avère impuissante face aux préoccupations de fond qui agitent la société américaine. En fin de compte, c’est l’inflation, le coût de la guerre, le wokisme et l’impression d’une élite déconnectée qui ont propulsé Trump vers un retour à la Maison-Blanche.