La réaction de Rio ne s’est pas fait attendre. Lula a immédiatement rappelé que « le Brésil est un pays souverain avec des institutions indépendantes qui n’acceptera de tutorat de personne ».
Des arguments économiques… peu convaincants
Washington n’en est évidemment pas à son premier coup d’éclat. Les choses ne se sont pas tassées depuis l’annonce, en avril dernier, de 10 % de taxes à l’ensemble des pays du globe. Mais hormis pour la Chine et les quelques passes d’armes avec le Mexique et le Canada, jamais la Maison Blanche n’avait ciblé explicitement un pays de cette manière – pour des raisons qui ne relèvent pas d’une conception économique.
D. Trump avait d’ailleurs commencé par évoquer le « déficit commercial des États-Unis vis-à-vis du Brésil », ce qui reste son argument favori pour justifier ses guerres commerciales. Mais ça ne fonctionne pas avec le Brésil. Lula rappelle que « Les statistiques du gouvernement américain lui-même confirment un excédent de ce pays dans le commerce de biens et de services avec le Brésil d’un montant de 410 milliards de dollars au cours des 15 dernières années. »
Lula contre-attaque devant les BRICS+
Les échanges commerciaux entre les deux pays atteignent près de 80 milliards de dollars chaque année, avec un léger excédent en faveur des États-Unis. Dans le détail, l’acier et l’aluminium sont directement visés par Washington. Avec plus de 4 millions de tonnes d’acier exportées en 2024, Rio se glisse à la deuxième place en matière d’exportation de métaux vers les États-Unis.
Cette décision a été prise alors que les BRICS+ étaient réunis à Rio. Le président brésilien en a profité pour déclarer devant les dizaines de chefs d’État présents que « Nous assistons à un effondrement sans précédent du multilatéralisme ». Il entend bien saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC), voire imposer des mesures de réciprocité prévues par la loi brésilienne.
Un groupe de travail, avec les deux parties, a finalement été mis en place pour désamorcer la crise et « éviter une guerre commerciale ouverte ». Une position soutenue par Rio qui, à l’image de la Chine, déclare depuis des mois que « les guerres commerciales n’ont pas de vainqueur ». Le risque de perte de marché et d’augmentation des prix semble trop élevé pour les deux nations, bien que le Brésil soit en train d’accélérer la reconfiguration de ses chaînes d’approvisionnement et cherche à diversifier ses partenaires commerciaux.