Le canal de Panama, voie essentielle du commerce mondial, est depuis toujours un enjeu de souveraineté pour ce petit pays d’Amérique centrale. Sa rétrocession en 1999, après presque un siècle de contrôle américain, symbolisait une victoire historique pour le Panama.
Une rétrocession remise en question
Donald Trump, pendant et après son mandat, a exprimé de vives critiques sur cette rétrocession qu’il qualifie de « perte stratégique majeure ». En 2020, il affirmait même que les États-Unis avaient été « escroqués » en cédant ce joyau logistique. Ces propos, teintés de nostalgie impérialiste, ont réveillé de douloureux souvenirs pour les Panaméens. Les déclarations de Trump s’inscrivent dans une rhétorique plus large de « reprendre ce qui appartient à l’Amérique », faisant craindre un possible retour des ambitions interventionnistes.
Le canal, qui relie l’Atlantique au Pacifique en évitant un détour par le Cap Horn, est en effet une infrastructure stratégique pour Washington. Environ 6 % du commerce mondial y transite chaque année. Si le traité de neutralité signé en 1977 garantit un accès égal à toutes les nations, il permet aussi aux États-Unis d’intervenir militairement en cas de menace perçue sur son fonctionnement. Une disposition qui pourrait servir de prétexte face à l’influence de la Chine.
La Chine, un rival de poids pour Washington
Depuis la rétrocession du canal, le Panama a intensifié ses relations commerciales avec la Chine. Devenu le principal partenaire économique du pays, Pékin a investi massivement dans les infrastructures panaméennes, notamment dans deux des cinq ports stratégiques situés à proximité du canal. Cette présence chinoise dérange Washington, qui y voit une tentative de prise de contrôle indirecte d’une route maritime cruciale.
Pour Donald Trump, cette situation est inacceptable. Il a accusé la Chine d’utiliser sa stratégie d’influence économique pour éroder l’hégémonie américaine dans la région. Les investissements chinois, bien que présentés comme des partenariats gagnant-gagnant, sont perçus par les États-Unis comme une menace pour leur domination traditionnelle en Amérique latine. Certains responsables américains craignent même que Pékin puisse un jour entraver l’accès au canal, bien que cela semble improbable.
Face à cette montée en puissance, les États-Unis ont tenté de renforcer leurs liens avec le Panama, notamment par des accords commerciaux et des aides économiques. Mais l’approche musclée de Trump, marquée par des menaces voilées et des propos offensifs, a fragilisé la confiance entre les deux pays.
Ce traité garantit un accès équitable au canal pour tous les navires, quelle que soit leur origine. Cependant, il accorde aux États-Unis le droit de défendre militairement cette neutralité en cas de menace. Une clause qui, bien qu’essentielle lors de la Guerre froide, soulève des questions sur la souveraineté panaméenne.