Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Trump navigue à vue. Tantôt belliqueux, tantôt conciliant, il oscille sans cesse sur les dossiers clés — droits de douane, relations avec la Chine, politique monétaire. Sa relation avec Jerome Powell, président de la Fed, en est une parfaite illustration : après l’avoir traité de « loser » et menacé de le renvoyer, Trump change de ton et prétend désormais vouloir le maintenir. Idem pour les tarifs douaniers sur les produits chinois : un coup il les augmente brutalement, le lendemain il évoque une « baisse substantielle » et parle de discussions commerciales que Pékin dément.
Une diplomatie de porte de saloon
Cette diplomatie ressemble à une porte de saloon : elle claque bruyamment, mais revient toujours en arrière. Résultat : la nervosité gagne les marchés. Entre volatilité extrême, baisse des indices et incertitudes persistantes, Trump se retrouve contraint d’accorder une trêve de 90 jours sur certains produits électroniques — sans que cela ne concerne l’ensemble des importations chinoises. Ces gestes désordonnés trahissent une posture défensive plus qu’une stratégie assumée.
Face à cette cacophonie, la Chine avance ses pions avec une rigueur implacable. Pékin cible précisément les secteurs stratégiques : interdiction faite à 16 entreprises de défense américaines d’accéder au marché chinois, arrêt des achats de soja et de pétrole brut, suspension, symbolique mais lourde, de commandes de Boeing.
Et surtout, la Chine menace de sortir une carte redoutable : celle des terres rares. Détenant près de 90 % des capacités mondiales de raffinage, Pékin agite la menace d’un embargo sur ces minerais essentiels à l’industrie technologique et militaire américaine. Une arme économique silencieuse, mais redoutable.
Contrairement aux États-Unis qui vivent à crédit, la Chine investit massivement. Villes intelligentes, trains à grande vitesse, énergies décarbonées, technologies de rupture : Pékin bâtit une base industrielle à forte valeur ajoutée. Elle capitalise là où Washington a délocalisé, désindustrialisé, consommé sans produire.
Le boomerang tarifaire
Trump voulait frapper fort. Mais son boomerang tarifaire revient à pleine vitesse — et frappe dans son propre camp. Les chaînes d’approvisionnement sont désorganisées, les coûts explosent, les distributeurs américains craignent des rayons vides, surtout pendant les fêtes. L’inflation grignote le pouvoir d’achat, la croissance s’essouffle, et la défiance s’installe.
À vouloir jouer les cow-boys économiques, Trump s’est retrouvé plaqué contre les murs du saloon. La superpuissance américaine, si prompte à sanctionner, apparaît désormais comme un colosse aux pieds d’argile, pris au piège de ses propres décisions.