La comparaison avec les moyennes des pays de l’OCDE est particulièrement marquante, résumée par le chiffre-clé d’une surmortalité de 80 % pour un Américain entre son premier anniversaire et ses 19 ans.
Pour ne pas se noyer dans les chiffres, on peut se limiter à la prématurité à plus de 120 % et la mort subite du nourrisson à plus de 140 %. Il existe aussi des particularités dont les Américains pourraient se passer, comme les morts par armes à feu, à 1400 %.
Mais, d’après le Pr Forest de Philadelphie, à l’origine de la publication, l’écart se creuse rapidement depuis 2019, entre les USA et le reste de l’OCDE. Actuellement, le taux de mortalité des enfants augmente Outre-Atlantique alors qu’il baisse dans les pays comparables, à l’exception de la France, dont la mortalité néonatale augmente depuis 2014 et qui passe de la première place en Europe en 2011, à l’avant-dernière, juste devant l’Albanie. (En 2024, 2700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 4,1 décès pour 1000 enfants nés vivants.)
Le suivi des enfants américains permet de constater une augmentation d’environ 20 % des pathologies chroniques entre 2011 et 2023. Les chiffres sont à plus de 200 % pour la dépression grave, l’apnée du sommeil, les conduites alimentaires et l’anxiété. À 162 % pour les troubles du spectre autistique, pendant que l’obésité atteint 21 % des enfants et que la puberté précoce en concerne près de 15 %.
L’Académie de médecine des États-Unis explique ces très mauvais chiffres par les déficiences du système de soins, les comportements individuels, les conditions socio-économiques, la dégradation de l’environnement et les politiques publiques. Et comme la prise en compte des avis des médecins et des scientifiques ne semble pas faire partie des habitudes ou des préoccupations de l’administration Trump, il est à craindre que la santé des jeunes Américains ne se dégrade encore par rapport aux autres pays à haut niveau.
On peut cependant relativiser cette crainte en évoquant les restrictions économiques qui frapperont l’accès à la santé du système français si les projets actuels sont validés par le Parlement.
On a déjà constaté l’immobilisme persistant devant la disparition des PMI, la pauvreté crasse du système de santé scolaire. Et en ce qui concerne l’augmentation accélérée de la mortalité des nourrissons, rien ne laisse entendre que des investissements pérennes soient prévus.
Niveler par le bas peut devenir l’option à choisir au prétexte d’épurer les comptes, ou à réguler des dettes sans rapport avec le bien-être de la population. Il est donc à craindre que faute de crédits, cette tendance à la dégradation s’étende et s’accentue - que les suicides des jeunes augmentent encore - que la lutte contre la pollution soit remise à plus tard.
Allons-nous encore être tentés de copier l’Oncle Sam ?