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Conjoncture américaine

Les signaux faibles d’une récession imminente aux États-Unis

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Mise à jour le 16 mai 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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États-Unis Donald Trump

Tarifs douaniers, contraction des commandes industrielles, hausse paradoxale des coûts de production : les signes d’un ralentissement de l’économie américaine se multiplient. Si une marge d’action existe encore, les semaines à venir seront décisives pour éviter une récession d’ampleur.

Le ralentissement économique ne se manifeste pas toujours par un krach soudain. Parfois, les signes sont discrets mais inquiétants. C’est le cas aujourd’hui aux États-Unis, où plusieurs indicateurs avancés clignotent dans le rouge.

Un « canari dans la mine » qui cesse de chanter

En tête de ces signaux d’alerte figure l’indice Philly Fed, qui mesure chaque mois l’activité manufacturière dans trois États-clés : Pennsylvanie, New Jersey et Delaware. Surnommé le « canari dans la mine », cet indice a brutalement chuté à -26,4 après un chiffre positif de +12,5 le mois précédent. Un effondrement qui évoque les premiers symptômes d’une panne industrielle.

Cette alerte est renforcée par la dynamique des nouvelles commandes dans la même région : en avril, l’indicateur est tombé à -34,2, contre +8,7 auparavant. Dans l’industrie, une chute aussi brutale des commandes n’augure jamais un simple trou d’air, mais plutôt l’arrêt d’un moteur économique essentiel.

Paradoxalement, la baisse de la demande industrielle n’entraîne pas une détente des prix. Au contraire, l’indice « Prices Paid » du même rapport affiche une flambée de 119,8 % sur un an. La cause ? Les entreprises, redoutant les hausses de tarifs douaniers initiées par l’administration Trump, ont massivement stocké leurs intrants. Cette situation permet aux fournisseurs d’imposer des hausses de prix malgré un contexte de ralentissement.

Stockage préventif et inflation des coûts

Lorsque des entreprises anticipent une hausse des tarifs douaniers, elles achètent en masse pour constituer des stocks. Ce comportement alimente une hausse artificielle des prix à court terme, même si la demande finale ralentit.

Enchaînement de tensions économiques

La politique commerciale américaine n’est pas étrangère à cette spirale. Depuis l’annonce de nouveaux tarifs, les entreprises retardent leurs décisions d’achat et d’investissement, par crainte d’une envolée imprévisible des coûts. Cet attentisme freine mécaniquement l’activité.

Autre secteur en repli : l’immobilier. Après un rebond ponctuel, les mises en chantier ont chuté au rythme annuel ajusté de 1,324 million de logements, leur plus forte baisse en un an. Or, l’immobilier, pilier de la consommation américaine, agit comme un amplificateur des cycles économiques : son affaiblissement présage d’un impact plus large sur l’ensemble de l’économie.

Enfin, il convient de souligner le poids économique des trois États concernés par l’indice Philly Fed : leur PIB cumulé dépasse 1 500 milliards de dollars, soit environ 6 % de l’économie américaine. Ce microcosme, plus riche que des pays comme l’Espagne ou l’Indonésie, offre une photographie fidèle de la dynamique nationale.

Pourquoi surveiller le Philly Fed Index ?

Publié par la Réserve fédérale de Philadelphie, cet indice est l’un des premiers à capter les variations d’activité manufacturière. Sa forte corrélation avec l’évolution du PIB en fait un indicateur précoce des retournements conjoncturels à l’échelle nationale.

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