Deux ans seulement après être revenus, les États-Unis ont une nouvelle fois décidé de quitter cette agence des Nations Unies dédiée à la culture et à l’éducation. Cette décision s’inscrit dans un historique mouvementé, où les logiques d’affrontement prirent souvent le pas sur la volonté de coopération internationale.
Retour sur un désamour
Les États-Unis, bien qu’étant membre fondateur de l’UNESCO en 1945, ont entretenu une relation instable avec l’organisation.
Leur premier retrait en 1984, sous l’administration Reagan, fut justifié par des accusations de mauvaise gestion financière et d’un prétendu « biais pro-soviétique ». Après près de vingt ans d’absence, les États-Unis réintègrent l’organisation en 2003, estimant que des réformes plus conformes à leur vision avaient été engagées. Toutefois, leur engagement reste conditionné par leurs intérêts stratégiques : en 2011, la reconnaissance de la Palestine comme membre à part entière conduit Washington à suspendre brutalement ses financements, invoquant une législation intérieure restrictive, au détriment du fonctionnement de l’organisation et de ses missions éducatives, scientifiques et culturelles.
En 2017, l’administration Trump officialise un nouveau retrait, évoquant cette fois un supposé « biais anti-israélien ». Ce n’est qu’en 2023 que les États-Unis réintègrent formellement l’organisation.
Un retrait au nom d’« America First »
Ce récent retour n’aura été qu’une parenthèse. La décision de se retirer de nouveau, annoncée par l’administration Trump, est présentée comme une démarche alignée sur une politique étrangère « America First », privilégiant les intérêts nationaux.
Selon Tammy Bruce, porte-parole du Département d’État, « l’implication continue dans l’UNESCO n’est pas dans l’intérêt national des États-Unis. » Celle-ci a accusé l’organisation de promouvoir des « causes sociales et culturelles clivantes ». La « prolifération de la rhétorique anti-israélienne au sein de l’organisation » est également citée comme une raison majeure de ce départ, une position saluée par le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, qui y voit « une étape nécessaire, destinée à promouvoir la justice et le droit d’Israël à un traitement équitable au sein du système de l’ONU. »
Pour l’UNESCO, ce nouveau retrait, bien que regrettable, était « anticipé » selon la Directrice générale, Audrey Azoulay. Elle a souligné que l’organisation s’y était préparée et que « l’impact financier serait minime. » Ainsi, bien que la contribution américaine prévue pour 2025 soit d’environ 75 millions de dollars, soit 8 % du budget total de l’UNESCO, Mme Azoulay a assuré que l’organisation ferait face à des « ressources réduites » mais n’envisageait pas de licenciements.