Sur la façade maritime Est des États-Unis, le syndicat de la main d’œuvre docker, International Longshoremen’s Association (ILA), est en conflit depuis le mois de mai avec le patronat de la manutention dont dépendent les dockers, l’US Maritime Alliance (USMX). Tout démarre avec la renégociation du contrat qui lie les deux associations et qui doit être revu tous les six ans. Ce contrat arrive à terme ce 30 septembre et bute sur un dialogue de sourds entre les deux parties.
Rupture des négociations entre dockers et patronat
L’organisation des dockers, qui regroupe 45 000 salariés dans les ports de la côte Est et du Golfe (entre New-York & New Jersey et Miami) revendique une augmentation des salaires de base de 76 %. Son président, Harold J. Daggett explique cette demande par le travail fourni par les dockers et les profits réalisés par les entreprises de manutention.
Pour ce dernier, l’USMX refuse de reconnaître les conditions économiques et les effets de l’inflation. L’ILA estime que les salaires d’entrée dans la profession de docker sont trop faibles. Mais les revendications du syndicat ne s’arrêtent pas là. Les dockers s’opposent en effet à une automatisation ou une semi-automatisation de leurs tâches.
De son côté, l’USMX affirme qu’elle ne mettra pas l’automatisation en route sans accord entre les parties. Elle propose aussi, outre une augmentation des salaires, une hausse des cotisations des employeurs pour la retraite des salariés ainsi que le maintien d’une couverture santé. Mais pour l’ILA, les propositions patronales sont insuffisantes. Elle a quitté la table des négociations à quelques jours de l’échéance du contrat. La grève semble donc inéluctable.
Si aucun accord n’est trouvé d’ici ce lundi soir 30 septembre, les milieux économiques américains et internationaux craignent une congestion de grands ports comme celui de New York-New Jersey (où la compagnie française CMA CGM de Rodolphe Saadé a récemment acquis deux terminaux à conteneurs sur les sept que compte le port). Parmi les autres ports concernés, on peut citer ceux de Savannah, en Géorgie, Baltimore, Viginia Ports ou Charlestone en Caroline du Sud.
Selon le journal français spécialisé Ports et Corridors, qui cite les experts portuaires, un jour de grève demanderait quatre à cinq jours pour un retour à la normale. Les perturbations pourraient se prolonger jusqu’à la fin de l’année et entraîner une désynchronisation des chaînes d’approvisionnement jusqu’à l’année prochaine.
Rapport de force favorable aux dockers
Le rapport de force semble pencher du côté des dockers américains et de leur syndicat ILA. En effet, la grève, si elle est effectivement déclenchée, interviendrait quelques semaines avant les élections présidentielles américaines sur lesquelles elles pourraient avoir un effet. Tout comme elles auront des répercussions sur l’économie américaine et les opérateurs internationaux.
En l’absence de reprise du dialogue, le syndicat des dockers pourrait craindre une intervention du gouvernement Biden qui dispose d’une loi, la loi Taft-Hartley, pour empêcher une grève mettant en danger la sécurité nationale. À cet effet, la National Retail Federation (NRF), qui regroupe les organisations des distributeurs outre-Atlantique, a saisi le gouvernement pour lui demander l’application de cette loi. Elle n’a pas reçu de réponse. Le président Joe Biden ne souhaite pas intervenir en ce sens.
Anticipant sur la grève, l’armateur européen Hapag-Lloyd (Hambourg) a d’ores et déjà prévenu ses clients qu’il prévoit un coût de « surcharge pour perturbation » au départ des ports d’Europe, de Méditerranée, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique du Sud.