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Énergie

Le pétrole états-unien piégé par ses propres sanctions

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Mise à jour le 14 août 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Russie États-Unis Énergie

En visant la Russie, l’Iran et le Venezuela, Washington a affaibli ses propres marges de manœuvre énergétiques. Alors que la production plafonne et que la transition patine, la dépendance aux importations devient un talon d’Achille stratégique.

Avec 13,38 millions de barils de pétrole brut extraits chaque jour en juillet 2025, les États-Unis atteignent un sommet historique. Pourtant, ce niveau ne couvre que 65 à 70 % de la consommation nationale, estimée à plus de 20 Mb/j. Le reste doit être importé, dans un contexte où les fournisseurs traditionnels sont devenus inaccessibles… par choix stratégique.

La production américaine devrait atteindre un pic vers 2027, avant de décliner lentement. À long terme, elle pourrait tomber sous les 10 Mb/j. Sans réduction de la demande, la dépendance aux importations est appelée à croître, tout comme la vulnérabilité énergétique du pays.

Une stratégie de la sanction à double tranchant

En sanctionnant la Russie, l’Iran et le Venezuela, les États-Unis ont exclu du marché trois des plus grands producteurs mondiaux. Mais cette stratégie s’inscrit dans une logique ancienne : celle du contrôle indirect par le changement de régime. Washington a longtemps soutenu des gouvernements alliés — le Shah d’Iran jusqu’en 1979, des opposants vénézuéliens depuis Chávez, ou encore des figures pro-occidentales en Russie post-soviétique.

Trois géants exclus du jeu

Capacité de production Contexte
Russie 10 millions de barils/jour Sous sanctions depuis 2022
Iran 3 millions de barils/jour Sous embargo depuis la révolution islamique
Venezuela 2,5 millions de barils/jour Paralysé par les sanctions et la crise interne

Face à leur propre fragilité énergétique, les États-Unis n’ont jamais hésité à recourir à des moyens de pression extrêmes : sanctions, déstabilisation, soutien à des coups d’État ou à des mouvements d’opposition. Les producteurs hostiles doivent en être conscients : tout affaiblissement de leur régime peut être perçu à Washington comme une opportunité stratégique.

Dans ce jeu brutal, les États-Unis ne sont pas des enfants de chœur — ils sont prêts à tout pour sécuriser leur accès au pétrole. Les récentes agressions contre l’Iran en témoignent.

Le baril qui fait trembler Washington

Aux États-Unis, le prix du pétrole brut est bien plus qu’un indicateur économique : c’est un baromètre politique et social. Chaque variation du baril se répercute rapidement sur le prix du gallon d’essence, affiché en grand sur les stations-service, visible par tous, chaque jour.

Un gallon (3,78 litres) à plus de 4 dollars devient un sujet de tension nationale. À 5 dollars, il peut faire basculer des élections. Cette phobie du prix à la pompe explique en partie la politique énergétique américaine : subventions aux producteurs, pression sur l’OPEP, libération des réserves stratégiques, voire interventions militaires indirectes.

Depuis la flambée post-Ukraine en 2022, la Maison-Blanche surveille le baril comme un thermomètre électoral. Mais avec une production qui plafonne et des importations sous tension, le levier devient de plus en plus court.

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