Avec 13,38 millions de barils de pétrole brut extraits chaque jour en juillet 2025, les États-Unis atteignent un sommet historique. Pourtant, ce niveau ne couvre que 65 à 70 % de la consommation nationale, estimée à plus de 20 Mb/j. Le reste doit être importé, dans un contexte où les fournisseurs traditionnels sont devenus inaccessibles… par choix stratégique.
La production américaine devrait atteindre un pic vers 2027, avant de décliner lentement. À long terme, elle pourrait tomber sous les 10 Mb/j. Sans réduction de la demande, la dépendance aux importations est appelée à croître, tout comme la vulnérabilité énergétique du pays.
Une stratégie de la sanction à double tranchant
En sanctionnant la Russie, l’Iran et le Venezuela, les États-Unis ont exclu du marché trois des plus grands producteurs mondiaux. Mais cette stratégie s’inscrit dans une logique ancienne : celle du contrôle indirect par le changement de régime. Washington a longtemps soutenu des gouvernements alliés — le Shah d’Iran jusqu’en 1979, des opposants vénézuéliens depuis Chávez, ou encore des figures pro-occidentales en Russie post-soviétique.
Trois géants exclus du jeu
| Capacité de production | Contexte | |
|---|---|---|
| Russie | 10 millions de barils/jour | Sous sanctions depuis 2022 |
| Iran | 3 millions de barils/jour | Sous embargo depuis la révolution islamique |
| Venezuela | 2,5 millions de barils/jour | Paralysé par les sanctions et la crise interne |
Face à leur propre fragilité énergétique, les États-Unis n’ont jamais hésité à recourir à des moyens de pression extrêmes : sanctions, déstabilisation, soutien à des coups d’État ou à des mouvements d’opposition. Les producteurs hostiles doivent en être conscients : tout affaiblissement de leur régime peut être perçu à Washington comme une opportunité stratégique.
Dans ce jeu brutal, les États-Unis ne sont pas des enfants de chœur — ils sont prêts à tout pour sécuriser leur accès au pétrole. Les récentes agressions contre l’Iran en témoignent.
Le baril qui fait trembler Washington
Aux États-Unis, le prix du pétrole brut est bien plus qu’un indicateur économique : c’est un baromètre politique et social. Chaque variation du baril se répercute rapidement sur le prix du gallon d’essence, affiché en grand sur les stations-service, visible par tous, chaque jour.
Un gallon (3,78 litres) à plus de 4 dollars devient un sujet de tension nationale. À 5 dollars, il peut faire basculer des élections. Cette phobie du prix à la pompe explique en partie la politique énergétique américaine : subventions aux producteurs, pression sur l’OPEP, libération des réserves stratégiques, voire interventions militaires indirectes.
Depuis la flambée post-Ukraine en 2022, la Maison-Blanche surveille le baril comme un thermomètre électoral. Mais avec une production qui plafonne et des importations sous tension, le levier devient de plus en plus court.