Cette fragilité, au cœur même de la puissance impériale américaine, révèle le déclin d’un modèle économique fondé sur la financiarisation et la désindustrialisation. Une réalité qui interroge la capacité de Washington à se redresser.
Un système industriel saturé, miroir d’un affaiblissement structurel
La construction navale américaine apparaît aujourd’hui comme un patient épuisé que l’on tente de réanimer à coups de budgets toujours plus massifs. Le plan naval 2025 affiche l’ambition de porter la flotte de 295 à 390 navires d’ici 2054. Mais derrière cette façade, tout craque : coûts explosifs, main-d’œuvre insuffisante, chantiers saturés, conception inachevée au moment de lancer la production.
Une grande puissance capable d’envoyer un porte-avions autour du monde se révèle incapable de stabiliser un calendrier industriel. Les porte-avions de classe Ford accumulent jusqu’à deux ans de retard, les sous-marins de classe Virginia jusqu’à trois. Même l’unique programme censé être « simple » – la frégate Constellation – s’effondre sous les erreurs de conception et la mauvaise gestion, au point que la Navy a décidé d’en annuler presque toute la série.
Cette crise n’est pas technique.…