Pour la première fois, c’est une femme qui accède au pouvoir au Mexique : Claudia Sheinbaum
Sheinbaum représente la coalition de gauche « Sigamos Haciendo Historia » (Continuons de faire l’histoire), tandis que Gálvez Ruiz, son opposante, représentait la coalition de centre-droit « Fuerza y Corazón por México » (Force et cœur pour le Mexique).
L’ambition de Claudia Sheinbaum est de poursuivre les mesures prises par le président sortant López Obrador au sein d’une politique globale de transformation, à laquelle le pays se retrouve dans sa quatrième phase (4T). Ces phases de transformations visent à renforcer la souveraineté du pays.
Cette politique comprend notamment une réaffirmation du contrôle de l’État sur les secteurs économiques clés, la lutte contre la corruption et la redistribution des richesses aux secteurs majoritaires de la population, à ceux qui ne bénéficient que de faibles revenus.
Fille d’une chimiste et d’un biologiste, Claudia Sheinbaum est diplômée d’un master en génie énergétique et d’un doctorat en sciences de l’environnement, et fut membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) jusqu’à 2013 (la même année où l’institut reçut le prix Nobel de la paix). Sur le plan politique, elle a été cheffe du gouvernement de Mexico en 2018 et a fait reculer le taux d’homicide de moitié pendant son mandat.
L’argument sécuritaire est un point sur lequel la candidate adverse Xóchitl Gálvez Ruiz a joué pour déstabiliser le MORENA (Mouvement de régénération nationale), le parti de Sheinbaum.
En effet, le Mexique est fortement affecté par les activités criminelles des cartels, même sur le plan électoral où de nombreuses intimidations par assassinats de candidats ont eu lieu par des groupes armés cherchant à imposer leur hégémonie sur la politique du pays. La sécurité s’impose donc comme un enjeu crucial de ces élections, là où la candidate de centre-droit critiquait la politique des « câlins, pas des balles » face à la violence des cartels.
Néanmoins, la candidate de la coalition de gauche n’en démord pas, en incluant dans son programme une liste d’initiatives pour renforcer la sécurité dans le pays, en abordant toujours la question de l’insécurité par l’angle social. C’est cette méthode, déjà appliquée lors de son mandat dans la ville de Mexico, qui lui permet de maintenir une avance claire sur la candidate de centre-droit dans les derniers sondages d’opinion.
Ainsi, dans le lancement de sa campagne le 1ᵉʳ mars, Sheinbaum a fait l’éloge du président sortant López Obrador : « Il nous a montré qu’il ne fallait pas se laisser abattre par le pouvoir de l’argent et qu’il fallait faire confiance aux gens et à leur dignité », a-t-elle déclaré devant des dizaines de milliers de partisans.
Concernant l’immigration, des pressions étasuniennes par les visites concurrentes de Joe Biden et Donald Trump aux frontières américano-mexicaines ravivent les tensions et les débats sur la sécurité frontalière. Des tensions dont le prolétariat mexicain se serait bien passé au vu des problématiques de sécurité intérieure qui le touchent d’ores et déjà.
C’est au sein de ce contexte de tensions sociales, d’enjeux sécuritaires et de justice sociale que Claudia Sheinbaum tire son épingle du jeu, en poursuivant la dernière ligne droite du cheminement politique entamé par López Obrador : souveraineté économique, aides massives aux plus précaires et renforcement de la sécurité intérieure. Sans oublier la primauté des droits de l’homme et de l’environnement que la candidate met en avant dans sa campagne, étant experte dans son domaine.